Film méconnu à plus d'un injuste titre, Mickey One envoie une belle claque dans la gueule dès sa première vision. Non ce n'est pas qu'un film sur l'Amérique en désuétude, non ce n'est pas un réquisitoire politique ou n'importe quelle étiquette pseudo-intellectuelle dont on se presse de l'affubler : c'est un putain de grand film de cinéma, nom de Dieu ! Tout y est, condensé à une vitesse folle, serti dans un écrin d'argent d'une classe pas possible : on débute sur un générique bondé d'images hollywoodiennes torrides et roucoulantes, tout en style black & white sur-beau le tout enjoué d'une musique jazzy fulgurante, et clac ! clac ! on enchaîne sur un dialogue jubilatoire, comme Coppola saura nous en montrer en 74, bah ouais en trois fois moins de temps Penn nous fait du Parrain 10 ans avant sa sortie, puis les moteurs tourne, ça continue dans une monstrueuse séquences de traque apocalyptique, qui en remontre au Procès, à 1984, au Troisième Homme...faut dire que les plans sont amples et précis, super bien coupés et se débitent avec une rapidité sans fin et pourtant éminemment bien calculée, il y a de la tension dans le montage (parfois presque aussi rapide qu'un Michael Bay, mais houlalà mon dieu ça n'as pourtant rien à voir !) et il y a de la tension à l'intérieur de chacun des plans, des visages, des expressions scrutatrices...vous ne pourrez échapper au regard de Warren Beatty, absolument Bigger than liffe et pourtant si humain en même temps, de même pour Alexandra Stewart, tout en style Jeanne Moreau de la nouvelle vague ou Claudia Cardinale du néoréalisme, mais Hurt Hartfield mérite toute votre considération, attention attention le monsieur se permet de nous offrir un jeu sorti d'un film de David Lynch, il est exceptionnel de modération et de retenue qui éclate en de violentes excentricités qui sont toujours retenues à temps....bref ce film est un pur chef d'oeuvre, vous y avez du glamour effrené plus hard que tout les mélo Wilder, Wyler ou je ne sais trop quoi, que vous aurez pu savourer, il y a du night blues plus fulgurant que dans tout Taxi Driver (bon ok là j'exagère quand même), il y a de l'anticipation anti-utopienne à la Terry Gilliam qui préfigure déjà le Soleil Vert de 73, il y a des idées de mises en scènes et des idées qui croulent dans chaque plans, cela file à une allure fulgurante et ne s'arrête jamais, à part pour nous laisser épuisé à la fin, dans un final magistral qui réussit à être aussi bien désincarné - comme le veut le message du film - que poétique et positif, porteur d'une note d'espoir et achevant de nous vider de nos forces pour nous transporter ailleurs dans la nuit si sombre de ce noir & blanc somptueux... tout en même temps...
SylentWolf
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le 5 sept. 2014

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