La Cour Maudite d'Ivo Andric "adaptée" au grand écran!
Véritable coup de point, Midnight Express fût l'un des premiers films à s'attaquer au caractère inhumain de certaines prisons du monde, en s'attaquant ici aux prisons turques. Très violent psychologiquement, ce film, tiré d'une histoire vraie est véritablement bouleversant.
Certes, la première remarque nous venant à l'esprit est: oh mais ne serait-ce pas une adaptation du roman internationalement primé d'Ivo Andric? La réponse est non, mais c'est tout comme. Le message véhiculé par ce roman est alors sublimé par ce film et cette interprétation.
Il s'agit en effet de l'histoire vraie d'un homme enfermé à perpétuité dans une prison qui ne respecte aucun droit universel humain; pour cause de détention de drogue. La peine semble monstrueusement ridicule face à ce maigre délit, Hayes n'ayant jamais eu d'antécédent judiciaire, et n'ayant jamais dealé par le passé. Mais la législation occidentale n'est pas la même en Orient (tantôt pire tantôt laxiste).
Davis, décédé en 1991, a signé ici la performance de sa vie en interprétant cet homme d'abord stupéfait par sa capture, puis désireux de sortir et enfin, anéantit à l'idée de passer le restant de ses jours dans cette abomination. Sa détermination à s'évader prend alors tout son sens.
La caractère horrible de sa condamnation est rendu d'autant plus cruel par le tribunal, où les juges ne comprennent pas l'anglais et parlent seulement turque, tandis que lui parle seulement anglais. L'homme de droit qui sommeille en chacun d'entre nous ne peut que s'outrer de l'absence d'un traducteur! Un procès où les deux parties ne peuvent ni s'entendre ni se comprendre relève de Kafka. Pourtant, s'il s'agit ici d'un film, ce type de situation a bien été réel!
Le film s'attaque alors à la description des différents états d'âme humains, Hayes s'étant fait des compagnons d'infortune condamnés, comme lui, à des peines hyperboliques. De la folie, au désespoir, en passant par le désir et la résignation; le film montre crument le quotidien de ces hommes maltraités qui semblent avoir bien payé leur dû à la société.
De même que le père disant à son fils de ne pas désespérer, qu'il va le sortir d'ici; le spectateur finit par se faire une raison. Hayes, personnage plein de gentillesse et d'espoir, finira par devenir fou comme ses "collègues".
Midnight Express demeure certes une dénonciation des manières abusives d'incarcération dans certains pays, mais envoie également un message d'espoir doublé d'un élan de solidarité pour ces pauvres hommes, pathétiques et détruits par leur peine. Tout délit ou crime devient alors inférieur aux conditions de détention.
Magnifique!
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