Œuvres culs

Film documentaire quelconque sur un sujet intéressant, Midnight Movies est assez fidèle à ce que son sous-titre indique : From the Margin to the Mainstream, c’est-à-dire que le propos consiste principalement à raconter comment six films hors normes sont devenus des « œuvres-cultes » au fil des années 1970. El Topo de Jodorowsky, la Nuit des morts-vivants de Romero, Tout, tout de suite de Perry Henzell, Pink Flamingos de John Waters, The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman et Eraserhead de David Lynch sont donc traités successivement, ce qui nuit à la fluidité de l’ensemble en lui donnant quelque chose d’une séance diapo : chaque réalisateur (sauf Sharman, « remplacé » par Richard O’Brien) parle de son film, quelques autres personnalités interviennent sporadiquement. Et c’est tout.
Pas de réflexion sur le midnight movie en tant que courant, ou qu’œuvre d’art, mais des histoires de distribution, de recettes, de rachats de droits, d’aubaines flairées par des producteurs, de couverture presse… On ne saura même jamais de quoi parlent ces films, tant le propos se concentre sur leur aspect – parfois prétendument – transgressif. Étonnant de voir comment un « genre » qui en principe se veut à contre-courant du cinéma grand public est traité d’une façon à ce point bénigne, et qui n’est pas sans rappeler les interviews promotionnelles qui accompagnent la sortie de n’importe quel film actuel.
S’il y avait deux idées d’ensemble dans ce documentaire, ce serait celles-ci : c’est le public qui fait d’un film un midnight movie – ce qui me semble évident – et le succès de ces films a été récupéré par Hollywood dans des films tels que les Dents de la mer ou American Pie, servant ainsi de matrice à un « humour américain » – ce qui me paraît contestable, ou en tout cas à nuancer.
Non, ce qui aurait été vraiment drôle, ç’aurait été de confier la réalisation de ce documentaire aux cinéastes concernés !