Après le remarquable Mud, je commençais à croire en Jeff Nichols. D'autant qu'ici, en plein post-Spieglerisme 70's, j'étais vraiment en terrain conquis, c'est 100% ma came, et j'osais presque espérer une réussite à la Super 8. Malheureusement il n'en est rien, et le cinéaste renoue ici avec tous les défauts de Take Shelter.
les deux principaux :
- constamment considérer le spectateur comme moins intelligent que lui. Donc on lui cache les infos, on ne lui dit rien, avec un petit clin d'oeil du genre : 'tu comprendras à la fin'. Évidemment qu'on comprend à la fin, et même avant, mais cette technique qui est l'anti-suspense (putain, ça lui ferait du bien de revoir Hitchcock...) par excellence est aussi un leurre pour cacher une intrigue vide et mal travaillée et un film qui in fine n'a rien de plus à raconter que son idée de départ déjà elle aussi bien maigre et absolument pas originale (merci, nous aussi on a lu Akira, on a déjà vu ET).
- Ce film est ce que j’appellerai du "Cinéma de Bande Annonce" : chaque plan, chaque réplique, chaque cadrage du film semble avoir été conçu pour figurer dans la bande annonce. Il n'y a jamais de vie (le personnage de Kirsten Dunst en est la quintessence, jamais vu un vide pareil alors qu'il y a tout pour en faire un personnage passionnant), tout est dans la pose, dans quelque chose de figé pour être exploité au niveau marketing. Du coup, on a l'impression de voir une bande annonce d'une heure trente, et une fois achevée, on se demande quand va commencer le film.
Il y a pourtant de jolies choses hein, la scène de voiture tout feux éteints est superbe, et la relation père -fils est touchante. Touchante mais tellement mal exploitée quand on voit le potentiel énorme qu'il y avait dans un projet pareil. Mais Nichols comme tant d'autres aujourd'hui, souffre du mal moderne. On dit que les gamins ne veulent plus faire de métier, et que ce qui les intéresse c'est de devenir célèbre, d'où les télés réalités etc. Dans le cinéma c'est pareil. Les types qui commencent à faire des films veulent être des cinéastes reconnus avant d'avoir fait des films. D'où les styles hyper appuyés, les poses d'auteurs tellement marquées qu'elles en deviennent gênantes, l'hyper maniérisme et la désespérante absence de contenu...

FrankyFockers
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le 24 mars 2016

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