Jeff Nichols n'est pas le nouveau messie du cinéma américain. On salut sa modernité et la beauté de ses images et de sa mise en scène. Pourtant a-t-on déjà vu des personnages aussi monolithiques, aussi simples à appréhender ? On ne sait pratiquement rien d'eux et pourtant on sait déjà tout. Les Hommes sont des brutes épaisses musclées et incapables de communiquer, les femmes, ou plutôt la femme, est très sensible, ne cesse de pleurer, mais laisse son mari aller au combat. Même Marvel est plus moderne que ça aujourd'hui ! Sa mise en scène, fidèle à celle de ses films précédents (au moins il est cohérent), essaye tant bien que mal de donner une profondeur psychologique aux personnages, aux travers de longs gros plans dans lesquels les personnages plissent les yeux en parlant avec une voix grave et enrouée, symbole, pour Jeff Nichols, et les plus mauvais films d'Hollywood, d'une forme de tragédie intérieure. Mais de quelle tragédie s'agit-il ? Celle de la difficulté d'être poursuivie par des méchants ? Quand est-il du doute, de la remise en question, de l'intelligence ? Elle disparait ici au profit d'une croyance aveugle. L'enfant devient un Jesus moderne, il est celui qui vient d'un autre monde et que les gens considèrent comme un guide. A aucun moment, et c'est dit dans le film, les personnages ne cessent de croire, ce n'est plus l'amour qui pousse ce père à sauver son fils, mais bien la croyance qu'il a de sa capacité à accomplir sa "mission". As-t-on vu film plus conservateur ? Jeff Nichols est-il réellement l'incarnation de la modernité ? Cessons de penser et de se poser des questions, suivons notre sauveur, celui qui sait et arrêtons de douter ! A l'heure des extrémismes religieux, je ne comprends pas que l'on puisse réaliser un tel film. Ce film est un cauchemar, celui d'Hommes dépourvus de pensés, dépourvus d'esprit critique, se sacrifiant au nom d'un enfant, incarnation du divin sur la terre. À quand des personnages acteurs de leurs destins, maitres de leurs pensées ? Je me le demande, et attendant je frémis de voir que même le cinéma dit d'"auteur" se complet dans un tel conservatisme !

LeoBrdt
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le 27 mars 2016

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Leo Brdt

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