Midnight Special fleure bon les années 1980. En cela, il pourrait être désuet. Et pourtant, ça marche. Le petit dernier de l’excellent Jeff Nichols (Take Shelter, Mud) se situe dans la veine de films de science-fiction du siècle dernier : Rencontres du troisième type (Steven Spielberg), Abyss (James Cameron), Contact (Robert Zemeckis)… Comme certains d’entre eux, Midnight Special ne dévoile tout son mystère que petit à petit, menant à un final sobrement enchanteur.


Avant cela, le film s’avère un bon thriller mené tambour battant. L’objet de toutes les convoitises de Midnight Special, recherché par le gouvernement américain, c’est Alton Meyer (Jaeden Lieberher), petit garçon de 8 ans doté de plusieurs pouvoirs fabuleux : d’un regard lumineux, il fait voir des merveilles indescriptibles aux autres ; d’une pensée, il contrôle les appareils électroniques, ou capte leurs communications.


Course-poursuite haletante


C’est pourquoi, autour de l’enfant, une secte s’est créée, le Ranch. Alton y est élevé. Les paroles étranges qu’il prononce y tiennent lieu de sermons. Mais son père, Roy, persuadé que le gamin a une mission devant être accomplie prochainement, l’enlève pour l’emmener à un endroit bien précis, où quelque chose est censé se produire.


Roy, son ami Lucas (Joel Edgerton, récemment vu dans Strictly Criminal ou Jane Got a Gun) et Alton sont donc traqués par le FBI et la secte du Ranch. La majeure partie du film tient en haleine grâce à cette course-poursuite pour les uns, fuite pour les autres. On suit chaque point de vue tour à tour, sans savoir exactement à quoi les personnages aboutiront.


Michael Shannon, encore et toujours


Et tout cela fonctionne très bien, notamment grâce aux zones d’ombre du film, savamment entretenues jusqu’à son dernier tiers. Le tout est joliment interprété, avec une mention spéciale pour Michael Shannon, tout en intériorité, et Adam Driver, qui interprète Paul Sevier, un agent de la NSA tentant de percer le mystère Alton.


Midnight Special reste certes une production hollywoodienne : Jeff Nichols a joué le jeu et ce film n’atteint pas la profondeur des précédents. Mais le divertissement , plaisant, bien rythmé, comporte aussi son lot d’interrogations sur la foi, le sacrifice, la famille. Et l’image finale, sur le regard d’un Michael Shannon qui en dit long, donne tout son sens à Midnight Special.


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WilliamMui
6
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le 7 avr. 2016

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William Mui

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