Sur la face morte de la lune, les insurgés se taisent et prient. Tous baisés.


Celui qui hantait la jeune fille, traîne la patte et de son dos poilu émane une lâche odeur de gazole. Dani porte en elle les marques de la nuit et de ses yeux émeraudes scintille la beauté fragile d'une fleur à demi écorchée. Sur sa peau, le rythme des saisons laisse de profondes coupures qui peinent à cicatriser, malgré la pureté de son âme. Elle n'est qu'une belle coquille remplie de rien, malmenée par un mec sans couille qui la traîne malgré lui dans son sillage, au grand dam de ses potes, tous demeurés. Ses hurlements fréquents m'ont explosé le crâne, sa bouche tombante m'a fait craquer.


Aussi fascinant que dérangeant, Midsommar frappe là où ça fait mal : relation de couple foireuse, égoïsme gluant, deuil hardcore impossible à encaisser... parfois, je m'y sens bien, à d'autres moments, j'étouffe et j'ai envie de vomir. La réalité tremble de rire devant ces mômes qui pigent que dalle et se gavent de champottes à peine débarqués en Terre Promise. Y'a mille trucs qui déconnent, dans leur univers (à commencer par les relations qu'ils entretiennent, fumantes) et leurs travers vont se retrouver à poil sous le soleil Suédois, persistant (en cette période de l'année, il ne fait nuit que 2 petites heures, et encore).


Noyés sous les coutumes vicieuses des habitants d'Hårga, les "étrangers" vont être malmenés, usés psychologiquement. Et c'est au rythme de quelques flutes et tintement de cigales, que, petit à petit, ils vont être amenés à disparaitre. Pourtant, l'une d'entre eux, sacrée reine de Mai, résiste. La pureté de son âme transporte, la blancheur de sa peau, christique, s'offre au monde et lui permet de le traverser sans s'abîmer de l'extérieur.


La sonnerie aigre et stridente du téléphone résonne encore à mes entrailles et lorsque je ferme les yeux, leurs immondes peintures dansent dans l'obscurité. Quant à mes pieds desquels pousse l'herbe fraiche, ils me conduisent au fond des bois, là où bourdonnent mes souvenirs, confus et pataugeant, sous un cadavre aux pupilles en forme de fleur je m'allonge, la tête en feu, j'ai mal au coeur MAMAN ! toi qui étais si douce - la nuit me manque, pour quelle obscure raison suis-je venue au monde ? le temps n'a pas plus d'effet sur moi que la pluie, inexistante dans ce pays dont les contours ont grignoté les âges, les saisons passent sur moi à la manière d'une horde de sangliers, se mettre en boule les mains sur le visage, mes doigts ne font plus qu'un avec ma chairemmelléej'ailessouvenirsd'unarbrequimerongent
césure au creux du ventre
formes exquises qui dansent en cercle jusqu'à la mort
bad trip, bad trip au creux de tes reins
j'ai hurlé à travers la peau de l'ours
je suis cette construction triangulaire qui flambe,
je me briserai les os sur vos tombes minables, vous qui ne savez vivre,
la vague de chaleur se retire, répit sanguinolent


je t'aime quand tu es mort

KiidCathedrale
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ciné 2K19, reviens chercher ton oeuf

Créée

le 21 août 2019

Critique lue 394 fois

3 j'aime

1 commentaire

KiidCathedrale

Écrit par

Critique lue 394 fois

3
1

D'autres avis sur Midsommar

Midsommar
trineor
9

Le sacre de l'été

Le plus immédiatement troublant devant Midsommar, c'est sans doute – comme à peu près tout le monde l'aura relevé – de se retrouver face à une œuvre horrifique toute faite d'été, de ciel bleu, de...

le 3 août 2019

201 j'aime

61

Midsommar
Mr_Purple
5

La secte où on n'y voyait pubien

Tout était bien parti pourtant : un prologue efficace et puissant, une mise en scène froide et chirurgicale à la Shining qui sait captiver et créer une ambiance joliment anxiogène, et la présence à...

le 1 août 2019

192 j'aime

31

Midsommar
takeshi29
9

L'horreur est-elle moins pénible au soleil ? (A peu près Charles Aznavour)

En introduction disons-le tout net, je ne fais pas partie de ceux qui attendaient ce "Midsommar" conquis d'avance, n'étant absolument pas un adorateur du déjà culte "Hérédité", dont la mise en place...

le 1 août 2019

86 j'aime

32

Du même critique

Enfants terribles
KiidCathedrale
8

Remords d'une ombre

Les bras croisés sur son torse nappé de miel, un jeune garçon songe à la mort. Encerclé par des dizaines de mains cramponnées à des stylos, grattant lignes sur lignes avec fureur, il se sent comme un...

le 11 mai 2017

21 j'aime

1

Disco Elysium
KiidCathedrale
9

La solitude du buveur de plomb

Déjà, la ville prenait les tonalités rose-et-bleu du crépuscule - la nuit l'épiait, prête à lui sauter dessus, de toute sa force lunaire. Son pied heurta une bouteille vide, symbole d'une existence...

le 19 nov. 2019

12 j'aime

3

Snowpiercer - Le Transperceneige
KiidCathedrale
1

Train en plastoque

L'arche métallique dévore des kilomètres de rails aussi frénétiquement que les crasseux du dernier wagon leurs protéines gluantes. Sous la dent malicieuse d'un gamin joueur, une balle, évident...

le 4 janv. 2014

10 j'aime

4