De l'art d'enseigner le selfie à un nourrisson...

Précédé par une polémique nivelant forcément son intérêt vers le haut Mignonnes est un premier long métrage creusé, traversé, bouleversé par ses paradoxes : oeuvre appuyée, aux confins de la caricature l'essai cinématographique de Maïmouna Doucouré choque, sidère et déconcerte dans le même mouvement de provocation tour à tour facile, racoleuse, alarmante et aberrante.


Davantage que la musique, la peinture ou la littérature le média cinéma se trouve jugé comme particulièrement épineux lorsqu'il soulève tel ou tel principe d'ordre moral, et encore plus lorsqu'il aborde les questions de sexualité et/ou de sexualisation à des fins fictionnelles. Tenant lieu dans les banlieues parisiennes d'aujourd'hui Mignonnes montre à hauteur de préadolescence le culte du corps et son exponentielle érotisation, s'attardant principalement sur la figure de la jeune Amy, fillette de 11 ans fascinée par une groupe de collégiennes rêvant de gloire et de regards portés sur leur apparence ultra-sexuée.


Clairement et nettement Mignonnes annonce assez rapidement la couleur de son manichéisme : les images, sciemment dérangeantes voire excessives dans leur enchaînement, sont indubitablement indéfendables pour la jeune réalisatrice... paradoxalement un rien esthétisées par cette dernière, rappelant de cette manière les travaux cinégéniques du grand Larry Clark - Kids et Ken Park en tête !


Vénéneuse, tendancieuse cette première incursion dans le cinéma témoigne d'une audace incontestable de la part de Maïmouna Doucouré, audace néanmoins sabordée par moult stéréotypes puérils et convenus ( dichotomie entre traditionalisme et modernisme déjà vu des dizaines de fois auparavant, groupe d'héroïnes parfaitement métissé, etc...). Nous n'en dirons pas plus au sujet de Mignonnes, petit film affichant sa réputation avec tapage mais réelle honnêteté, préférant vous laisser le soin de choisir par vous-même votre camp... A voir.

stebbins
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le 4 sept. 2020

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