C comme Cassandre
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Je ne suis pas un militant de la cause féministe, mais je suis suffisamment sensibilisé à la condition féminine pour être exaspéré par ce Mille milliards de dollars. La charmante épouse (jeune Clémentine Célarié) qui a souhaité divorcer ne résiste pas à l'injonction du flamboyant Paul Kerjean qui lui demande d'aller se mettre à l'abri à la campagne. Elle ne fait rien de sa vie bien sûr, donc pas de problème pour emmener son fils et attendre le temps qu'il faut, sans que Paul s'abaisse à donner une quelconque explication. Ses velléités amoureuses attendront, bien sûr toujours. A la fin, c'est elle qui tapera l'article que Paul a enregistré, toute la nuit. Et qui lui demandera de revenir. Pendant ce temps, Paul se comporte avec tout le monde comme si tout lui était dû, et ça marche, tant son charisme est irrésistible.
L'autre femme, c'est Laura, la maîtresse de JBL, jouée par Anny Duperray. Elle aussi est d'abord rétive, mais ne résiste pas plus à la tornade Paul. Qui la traite son ménagement mais obtient tout ce qu'il veut. Elle ne sait rien des affaires sérieuses de JBL, elle se contente de l'aimer, tout comme la femme de Paul.
Il y a aussi la délaissée épouse légitime de JBL, qui se morfond dans l'oisiveté alcoolisée.
N'en jetez plus. Au chapitre de l'idéologie douteuse, il y a aussi le message : "ah ! l'authenticité des villages de Province". Tout cela vous a un petit côté Jean-Pierre Pernaud, avec l'image du clocher, à la fin du film, vu de la fenêtre de la chambre d'hôtel... Un décor de carton-pâte assez voyant d'ailleurs.
Cette pensée rance serait vite pardonnée si le film était une oeuvre cinématographique ambitieuse. Las, rien ne s'élève dans ce Nième thriller politique, et les clichés s'accumulent : le grand industriel cynique et cruel, la presse corrompue, l'homme de main impitoyable, le secret datant de la guerre, voilà pour les méchants. Et le gentil petit vieux de Province, l'autre gentil petit vieux qui a accumulé les preuves (et cède lui aussi au charisme du "trop fort" Paul), l'ancien cadre droit dans ses bottes qui se fait licencier, voilà pour les gentils.
On a vu cela 50 fois, et tourné avec plus de grâce. Difficile de croire que l'auteur de ce truc fadasse est celui de Mélodie en sous-sol, Un singe en hiver ou Le clan des Siciliens...
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le 30 oct. 2018
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