Mille soleils
6.8
Mille soleils

Documentaire de Mati Diop (2013)

Pas vraiment un hommage mais plutôt une reprise

Par Guillaume Orignac

En 1973 , Touki Bouki propulsait d’un coup le cinéma africain dans la nouvelle vague mondiale. Dans ce qui était son premier long-métrage, Djibril Diop Mambéty filmait un couple de jeunes Sénégalais comme des héros du Nouvel Hollywood. Entre nouveau naturel et silhouettes iconiques, Mory et Anta, le cow-boy et l’étudiante rêvant d’exil à Paris, traversaient le film sur une moto couronnée de deux cornes, avec un glamour égal aux Bonnie and Clyde d’Arthur Penn. Plus besoin d’imaginer Hollywood, tout était là, déposé sur un carré de terre poussiéreuse : le troupeau de buffles, l’ouest sauvage, la ville anarchique, le grand burlesque et l’antique mélancolie, les fables de l’amour et les horizons mythiques. Aux yeux des cinéphiles attentifs, une messe avait été dite : l’Afrique noire valait bien l’Amérique.

Et puis Djibril Diop Mambéty est mort, un peu trop jeune pour l’époque, auteur d’un seul autre long et d’une poignée de courts, comme si ce coup d’éclat inaugural avait brûlé son énergie dans des flammes trop ardentes. Comme si, d’avoir très vite déplacé les continents cinématographiques, ses épaules avaient ensuite plié sous le carcan des habituelles contraintes de production, faisant de lui un réalisateur empêché, puis disparu, au risque d’un injuste oubli.

Quarante ans plus tard, la nièce du réalisateur, Mati Diop, revient sur les lieux du tournage et allume à son tour une caméra. Pour enregistrer quoi ? Pas vraiment un hommage, et c’est heureux, mais simplement une reprise. Touki Bouki renaît ainsi, le temps d’une projection en plein air, sous le regard de Magaye Niang, l’acteur qui interprétait Mory. Expérience immédiatement joyeuse que de retrouver l’homme, les cheveux blanchis, les traits un peu affaissés, mais toujours avec cette grande gueule de cow-boy traînant sa malice dans les rues de Dakar. C’est que pour certains le temps passe sur les bords, mais jamais dans le cœur. Et c’est bien ce cœur que le film de Mati Diop se plaît à ouvrir, dans une absolue douceur, en dépliant les ailes de la fiction sur le corps du documentaire. (...)

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Chro
8
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le 3 avr. 2014

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