Le film reprend les codes habituels de l'iconographie mafieuse : une reconstitution léchée de l'époque, une police et hauts fonctionnaires corrompus, des exécutions sommaires et nombreuses, des manigances, des changements de camps et des luttes de pouvoir on ne peut plus classiques.
On s'y croirait.
Et pourtant les frères Coen prennent leur distance avec le bon veux film de mafieux.
Entre comédie et drame, on ne sait jamais sur quel pied danser.
Les intentions du principal protagoniste, Tom Reagan restent incertaines tout au long du film.
Un Lucky Luke, nonchalant, solitaire, patient, agissant de manière réfléchie, en opposition avec les mafieux colériques, impulsifs, caricaturaux, bien loin des chefs respectés et intouchables des classiques (les "Parrain" , les "Affranchis", "Donnie Brasco" "Casino", "Scarface").
ll en prend des roustes le Tom Reagan , mais imperturbable, il continue d'évoluer dans ce monde de bruts qui s'éliminent de l'intérieur.
Attention, il ne s'agit pas de manichéisme pour autant. Tom Reagan et Verna sont des personnages complexes, bons et mauvais, sensibles mais immoraux.
Les scènes de crimes illustrent bien la philosophie du film, d'une violence inouïe mais l'excès d'hémoglobine aboutit au burlesque. On ne peut donc pas les prendre au sérieux ces grands méchants et c'est bien là l'intention du film.
La mise en scène est assez classique, nous ne sommes pas dans la soif du mal d'Orson Welles, mais quelques plans et le rythme lent du film, peu de musique, peu de suspens ( l'exception de la scène ou Tom rentre chez lui de nuit) permettent de se concentrer sur l'intériorité de Tom Reagan plus que sur les scènes d'action.
C'est un film original qui vaut le coup d'être regardé car nous fait sortir des sempiternels codes du cinéma sur la pègre et cela nous donne l'occasion de prendre de la distance avec ces héros du cinéma, qui rappelons le, dans la vraie vie sont sans foi n loi.