Minari ne manque pas de potentiel et aurait pu donner la trame d'un western, si l'action avait été transposée un siècle plus tôt. Cette chronique d'une famille coréenne immigrée, venue se frotter au rêve américain et censée fourmiller d'émotions est pourtant globalement assez fade, dans la répétition des jours où ledit rêve pourrait bien devenir un cauchemar et faire imploser un couple qui ne partage pas nécessairement les mêmes objectifs. Modeste en tout point, le film de Lee Isaac Chung surprend, et non et bien, par un manque d'intensité et une accumulation d'anecdotes qui n'impriment pas un véritable rythme. Oui, les enfants sont charmants, mais le réalisateur n'est pas Ozu, et la grand-mère est amusante mais cela ne crée pas de grands enjeux. Par ailleurs, certaines scènes n'ont qu'une une utilité très relatives comme celles ayant trait à la religion. On voit bien quel est le but de ce récit impressionniste, qui se refuse à des facilités dramatiques, mais, sans qu'il y ait de véritable ennui, le risque est d'éprouver peu d'intérêt devant un film aussi peu dense et dont la tonalité ne change quasiment jamais. Cela en devient presque aussi peu excitant que le travail exercé par le couple de coréens, à savoir trier les poussins selon leur sexe, et bien moins épicé que la cuisine du pays du matin calme. Les Golden Globes ont récompensé Minari dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère, alors qu'il s'agit d'un film très américain (bien plus que coréen), le paradoxe en est-il vraiment un ?

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le 2 mars 2021

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