Mind Game
7.7
Mind Game

Long-métrage d'animation de Masaaki Yuasa et Koji Morimoto (2004)

Mind Game est pareil à un crayon nourri d’une mine d’inspiration infinie, laissée libre de s’exprimer sans la bride d’une main le tenant dans un univers régi par les limites d’un nombre de dimensions imposé. Comme si, le temps d’un film, toutes les références que connaît l’œil humain étaient mises au rebus par des as de l’animation rompus aux expérimentations les plus incontrôlables. Peu importe si le trait échappe par moment à ses créateurs, du moment que la couleur ronge l’histoire, que les formes se libèrent et que l’ivresse graphique dévore l’œil d’un spectateur placé malgré lui en plein trip hallucinatoire.

Se plonger dans Mind Game, c’est oublier sa logique, mettre au placard ses confortables références. Inspiré de tout ce qui a pu être exploité dans l’univers de l’animation, mais ne ressemblant à rien d’existant jusqu’alors, mixant à loisir les styles et inspirations, le dessin animé irrévérencieux de Masaaki Yuasa fait l’effet d’une libération créative salutaire dans un univers cinématographique où tout est destiné à trouver case à son nom.

Impossible de catégoriser Mind Game et c’est bien ce qui fait sa force. Rarement l’œil n’aura aimé se perdre à ce point dans un récit qui tourne en rond, tout en se renouvelant à chaque répétition. Habité par des personnages mimant la dinguerie des feutres qui les animent, Mind Game sait être touchant malgré sa folie constante, le temps de quelques échanges de sentiments posés avec style entre deux ravages spirituels, impliquant des petits bouts d’humains rapidement esquissés qui savent se faire communicatifs.

Ils ponctuent en tout cas avec nuance une expérience hors norme qu’on aimerait infinie tant elle témoigne d’une liberté créative qui se fait trop rare. C’est une féroce sincérité artistique qui anime Mind Game, oeuvre dépourvue de toute contrainte sinon celle inhérente aux possibilités techniques. Et à l’heure où tout, ou presque, est possible, c’est une furie expérimentale massive qu’on se prend dans la tronche. L’épilepsie est proche, l’overdose visuelle se fait sans cesse imminente, mais c’est avec le sourire, et l’envie d’en reprendre une grande rasade quand elle se termine, que l’on ingurgite ce trop gras banquet sensoriel avec gourmandise.
oso
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le 15 janv. 2015

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oso

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