Si le premier long opus, La vallée des fourmis perdues, souffrait d’être un long métrage, ne parvenant qu’à de rares instants à égaler la magie relative de la rythmique des épisodes télévisés, ne parvenant donc pas à injecter cette somme de rebondissements dans une histoire plus dense, plus étirée, Les mandibules du bout du monde a complètement intégré cette donnée fondamentale à tel point que le film, plus il se déploie, plus il devient passionnant et ambitieux.


 Au départ, coccinelle d’un côté, fourmi de l’autre, on pense que le récit va retomber dans ses travers de petites bulles indépendantes, avec ici cette course entre cette coccinelle et un gang de mouches se terminant dans une toile d’araignée, de l’autre un affrontement entre une fourmi noire et un gang de fourmis rouges pour une boite de sucre. Au contraire, à l’instar d’autres comédies d’aventures et/ou buddy movie, il présente les deux chacun de leurs côtés afin de préparer la rencontre, de brillamment les chevaucher, suspendus à un abat-jour chez l’épicier du quartier.
C’est pourtant en les séparant aussitôt que le film trouve ses meilleures inspirations. La scène de l’aéroport (avec la blatte comme guide de la coccinelle) est sensationnelle et ce jusqu’au décollage de l’avion, franchement impressionnant. Et elle répond, dans un montage brillant, à celle plus fantasque du bateau pirate où la fourmi est accompagnée d’une araignée droguée à l’ipod. Dès lors, le film a trouvé son rythme, il compense son mutisme par son visuel et un sens aigu de la dramaturgie.
Il faut souligner à quel point le film jongle avec de multiples références puisqu’on pense aussi bien à Là-haut (les ballons) qu’à Fievel (les pieds des hommes à l’aéroport), qu’à Titanic (le hublot sous l’eau) qu’aux Aventuriers de l’arche perdue (les voyages sur cartes). Sans compter qu’à l’instar du Monde de Némo, il s’agit surtout du grand voyage d’un père (ou d’une mère puisque dépourvu de paroles, le monde de Minuscule n’est jamais définitif sur ce point) pour retrouver son fils/sa fille. C’est aussi un grand plaisir cinéphile en plus d’être un film visuellement étourdissant.
Ce deuxième opus se paie le luxe d’un tournage en Guadeloupe (y injectant par la même occasion une belle critique de la déforestation et du culte touristique) mais surtout celui d’une histoire d’amour imprévue entre la coccinelle d’une forêt de pins enneigée et une coccinelle de la jungle. Et il le traite tellement bien que son issue évoque même A bout de course, de Sidney Lumet, c’est dire.
Et qui dit changement radical de décor dit modifications du casting. Ainsi cet opus sera riche dans le bestiaire proposé. On retiendra de cette arrivée guadeloupéenne une mygale joueuse, un crabe curieux, de magnifiques phasmes, les plantes carnivores et la méchante mante religieuse. Et le film réussit aussi ce qui échouait dans ses courts : Faire côtoyer les prises de vues réelles (les hommes, principalement) avec l’animation et parvenir à tout faire tenir ensemble, même en faisant jouer la grimace (aucun dialogue, toujours) à Bruno Salomone ou Thierry Frémont.
Nous y sommes allés tous les trois, avec ma femme et mon fils, notre première depuis la naissance de la plus petite. On a très bien choisi.
JanosValuska
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le 21 avr. 2019

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JanosValuska

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