En traitant la thématique du miroir sur le plan horrifique, Alexandre Aja déplace l’épouvante de l’écran de cinéma vers l’espace privé, le foyer où sont disposés miroirs, glaces et écrans de sorte à entretenir un frisson, une tension constante à la sortie de Mirrors. Si le film fonctionne aussi bien, c’est parce qu’il s’avère merveilleusement intelligent et mis en scène : malgré quelques lourdeurs d’ordre scénaristique lors de la révélation finale, la création d’un double maléfique qui hante notre protagoniste et suscite l’incompréhension de la part de ses proches rassemble les profils de schizophrénie et de folie liés à la maladie, à la dépression ou à l’ivresse – signes soigneusement cultivés par le métrage – et sème le trouble dans l’esprit du spectateur : avons-nous devant les yeux un homme déséquilibré dont la caméra se ferait le reflet ? Symbole d’un passé qui ne passe pas, de souvenirs qui, bien qu’en lambeaux, ne disparaissent guère mais se retissent à la manière des glaces momentanément brisées, le miroir se fait psyché, creuse les zones d’ombres de l'inconscient de notre protagonistes et révèle les monstres qui les peuplent. La réalisation d’Aja est virtuose, flotte dans les airs saisie entre une réalité et son reflet bientôt indiscernables, psychédéliques à l’image de son sublime générique introductif. La reprise par Javier Navarrette de l’Asturias composé par Isaac Albéniz entretient, par la réversibilité de son motif principal, une dualité terrifiante qui ne lâchera pas les personnages. Mirrors perturbe par sa force graphique gorgée de gore, de bruits et de fureur, rappelle cette position de sale gosse du cinéma horrifique que campe Aja – on l'aime! –, propose une alternative délicieuse et terrifiante à la production d’épouvante standardisée. En un mot, excellent.

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le 9 janv. 2019

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