Une glaçante loi du talion

Je suis allé voir le film sans en rien savoir, sans avoir la moindre idée de son pitch et je crois que la meilleure façon de bien apprécier cette histoire est précisément de n'être prévenu sur rien quand elle démarre.
Histoire étrange, mystérieuse, éprouvante, cruelle, "tongue in cheek", délirante, frisant le surnaturel, le fantastique, l'absurde, mais bien mise en valeur par des interprètes de premier plan : Colin Farell personnifie Steven Murphy, un praticien spécialisé dans la chirurgie du coeur et Nicole Kidman sa femme Anna, elle-même ophtalmologiste, tandis que Barry Keoghan est Martin (16 ans), le 3ème personnage principal du film. Kidman et Keoghan sont excellents, chacun à sa manière (elle, forte mentalement malgré son apparente fragilité physique, et lui, fort, malgré sa jeunesse, du magnétisme et de la détermination butée et extrême qui l'habitent) ; Colin Farell m'a semblé un peu en dessous. Steven et Anna ont deux enfants : une fille de 14-15 ans et un petit gars de 10-11.

C'est un film d'atmosphère, déroutant et dur, où la tension va croissante au fur et à mesure que l'on comprend mieux les enjeux de l'histoire. Très belle photographie. Et bonne réalisation (à une ou deux scènes près, dont celle du dénouement) de Yórgos Lánthimos qui nous avait précédemment donné The Lobster.
Côté négatif, je dirais que l'histoire est si forte qu'elle apparaît forcée et qu'elle sonne parfois un peu faux. On sent le procédé cinématographique. Certains excès sont d'ailleurs quasi comiques (la scène de la branlette dans la voiture, par ex.). Mais paradoxalement, on est quand même saisi, captivé par le déroulement des événements, l'affrontement dramatique des personnalités. Le film a d'ailleurs obtenu le prix du scénario à Cannes, cette année.

Conclusion : Le film n'est pas exempt de reproches, mais c'est une expérience qui, je crois, vaut la peine d'être vécue. Impossible d'y rester indifférent.