25 Novembre 1970

Action et Art,

Comme deux faces d'une même pièce.

Deux existences en concurrence,

Diurne et nocturne, corps et esprit,

Peuvent-elles seulement se réconcilier ?

Lorsque les mots prévalent sur le corps

La réalité s'érode, la matière s'amollit.

Comme l'eau-forte contre le cuivre

Le verbe désagrège

La prime beauté du réel.

Mon corps n'est alors

Que le vaisseau de mes paroles

Le sang de la scène ne me suffit pas.

Jamais plus la nuit

Ne me privera de ma chair.

Suis-je enfin libre ?

Prêt à donner ma sueur et ma sève

À sculpter ma réalité

Par le soleil et l'acier ?

La beauté du corps s'offre à moi

Dans le bain révélateur de lumière.

Que peuvent les mots les plus justes,

Devant le bleu de l'azur ?

Enfin les masques tombent.

Aujourd'hui m'attend la Destinée,

Transie par sa danse des Sept Voiles.

Je le sens enfin,

Par l'acier du sabre, le jour reflété

Me montre le vers que j'écrirai

De mon sang.

Art et Action sont enfin accordés,

L'harmonie de la plume et de l'épée.

Wilde et Sébastien

Dans un seul geste,

Salomé et Jean-Baptiste

Sur une seule tête.