« Mission », c’est d’abord deux personnages que tout oppose : Jeremy Irons en père jésuite dévoué à la cause des indiens d’Amérique du Sud et Robert De Niro en mercenaire sanguinaire trafiquant d’esclaves. Après avoir tué son frère lors d’une querelle amoureuse, De Niro va prendre le chemin de la rédemption au côté des jésuites. Les scènes dans lesquelles il traîne son armure comme un fardeau dans la jungle en guise de pénitence, glissant et tombant avant de se relever, sont inoubliables. Au bout du sacrifice, il prend fait et cause pour les indiens. Il rejoint même l’ordre des jésuites, lui, qui a du sang d’indiens sur les mains ! Les efforts de Jeremy Irons pour apprivoiser les indiens (la scène de la flûte), puis bâtir une mission pour répandre la parole de Dieu, forcent le respect. Mais face aux espagnols et portugais assoiffés de conquêtes et d’argent, face à la capitulation de l’Eglise qui par là même renie ses fondamentaux, tout cela n’est-il pas voué à l’échec ? Quand la survie de l’ordre jésuite, menacé en Europe, dépend de l’abandon des missions du bout du monde ; quand en se pliant devant le pouvoir politique, l’Eglise demande aux indiens de retourner dans la jungle après les en avoir délogés, quelle issue reste-t-il ? Désobéissant à l’Eglise, les jésuites restent avec les indiens dans la mission. De Niro prend les armes tandis que Jeremy Irons prie... À la fin, je n’ai pas pu retenir mes larmes lors du massacre des indiens de la mission, femmes et enfants compris ! Sinon, la musique « divine » d’Ennio Morricone (chœurs, pipeaux…) nous transporte en nous faisant prendre de la hauteur. Les paysages sont d’une beauté époustouflante (cascades, forêt…). Peut-être les plus beaux qu’il m’ait été donné de voir au cinéma.