juin 2011:


Le Blu-Ray me tendait la jaquette à la Médiathèque Fellini de Montpellier, je l'ai emprunté sans sourciller. Maintenant que je connais un peu mieux Brian De Palma, je voulais depuis quelques temps revoir ce film, tant décrié par les fans eux même. Finalement, le visionnage n'a rien suscité de nouveau mais a confirmé mes premières impressions, en général plutôt bonnes.

J'ai adoré les séquences pragoises, superbes, qu'un gros travail photographique de Burum rend tellement somptueuses.
Et puis quelle belle structure narrative! De Palma n'est pas au scénario mais manipule un matériau très compliqué à rendre intelligible, or avec une légèreté aérienne et une concision épatante, il parvient à faire tenir son histoire en équilibre sur un fil ténu. Voilà ce qu'on peut appeler une brillante mise en scène.

Ce n'est pas uniquement remarquable sur le côté spectaculaire, bien au rendez-vous. Le divertissement est assuré. La partie à Langley, si elle est moins impressionnante visuellement que le noir des ruelles de Prague embrumée, n'en demeure pas moins extrêmement prenante, d'une formidable efficacité.

Par contre, j'ai toujours autant de mal avec la séquence sur le toit du TGV, à la vitesse irréelle mais surtout avec cet hélicoptère défiant de façon totalement aberrante les lois de la gravité et de la mécanique, une scène proprement grotesque au possible, toujours impossible à avaler.

Du casting, je retiens avant tout Vanessa Redgrave aux yeux bleus hypnotisant, glacés et rieurs, une intelligence et une force dans le jeu qui m'impressionnent au plus haut point. Quelle classe cette actrice!

Et puis, quel festival de manipulations! Forcément cette série devait être filmée au cinéma par De Palma, le cinéaste de l'escamotage, de la supercherie, de l'entourloupe visuelle. C'est très surprenant de ne pas le voir crédité au scénario. Sa grande thématique favorite se trouve ici un support riche en rebondissements, en doubles jeux, en suggestions et camouflages, entre trahisons et forfaitures en tout genre. Pourtant, l'on s'y retrouve avec facilité. Là encore, on ne saluera jamais assez le soin pris à bien raconter cette histoire, de manière compréhensible. Lisibilité parfaite.

Même s'il ne s'agit pas d'un très grand De Palma, le sujet ne dépassant pas le cadre du divertissement, cela reste un bon film, redoutablement percutant et sûr.
Alligator
7
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le 19 avr. 2013

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Alligator

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