Critique rédigée en août 2018


Depuis 1996 sous la direction de Brian de Palma, la saga Mission: Impossible rayonne comme l'un des piliers actuels du film d'espionnage, aux côtés de James Bond (de 1962 à 2015). Après le très bon premier volet adapté de la série télévisée éponyme des années 60-70, John Woo prend les commandes de la suite en 2000 mais le résultat s'est avéré plutôt décevant (rapportant 2 Razzie Awards entre autres), à défaut d'une mise en scène solide et surtout d'une grande variété d'idées exploitées. Le niveau a été relevé de justesse par J.J. Abrams (2006) et Brad Bird (2011), que je considérais jusqu'ici comme les deux meilleurs volets de la saga.
Alors que Christopher McQuarrie (scénariste entre autres de Usual Suspects) détient actuellement Tom Cruise parmi ses petits protégés (ayant contribué à bon nombre des derniers films de l'acteur) depuis Jack Reacher (2012), la collaboration des deux artistes sera en particulier marqué par la réalisation du 5ème volet: Rogue Nation. Sans atteindre l'important marché remporté par De Palma et Bird avec Protocole fantôme, cette cinquième aventure s'est avérée efficace bien qu'assez classique en fond.


Fallout donc, sorti le 1er août dans les salles françaises, nous fait voyager pour la sixième film à travers le monde en compagnie de l'agent Hunt (Tom Cruise), Luther (Ving Rhames) et Benji de l'organisation secrète Mission Impossible.
L'intrigue commence doucement, à Berlin, par le retour du Syndicat, groupe d'antagonistes du précédent volet ici reformés sous le nom d'Apôtres et ambitionnant d'effectuer un échange de bombes. Privilégiant l'écoute de son coeur au remplissage de sa mission, Ethan Hunt laisse Solomon Lane, le meneur du groupe de terroristes, s'enfuir avec les bombes, ce qui crée le chaos total dans l'organisation M:I car le norvégien Nils Debruuk, spécialiste dans la fabrication d'armes nucléaires, a pris les commandes de l'organisation criminelle. Remettant en question leur intérêt dans la sécurité du monde, le groupe ne s'empêchera pas de traquer lesdits hors-la-loi, que ce soit dans Paris ou dans le Cachemire, et ce sans au premier abord connaître qui se cache réellement derrière leurs apparences...


Eh ben, sans surprises grâce aux nombreux retours positifs, quelle suite rafraîchissante ! Rafraîchissante et sans être trop légère, et prenante sans être trop lourde.
D'un niveau supérieur à Rogue Nation, Fallout contrairement à ce que son titre indique est tout le contraire d'une chute, c'est la remontée en puissance d'un genre qui commençait à s'essouffler ; cette suite va jusqu'au bout de l'idée de McQuarrie débutée en 2015 sur la saga, déjà, on alterne ici plus légalement l'émotion, l'action et les décors (de la France avec ses quartiers parisiens m'étant familiers, à l'Inde avec ses magnifiques paysages montagnards en passant par une Allemagne, plus froide que le reste du décor).


L'affiche du film est à l'image du traitement de l'agent Hunt pendant le film: pour la première fois dans la saga, on nous fait part d'un personnage profondément humain


(rien qu'au début du film, le fait qu'il privilégie de laisser la vie sauve à Luther que d'accomplir sa mission en est la preuve. Ou encore, comme l'ont souligné certains, quand il tente d'épargner la vie d'une policière d'une fusillade sous le pont),


préoccupé par sa situation familiale,


celle-ci s'étant dispersée après s'être séparé de Julia à cause des risques du métier.


Aussi, en mettant en valeur les traits de l'humanité de notre héros, une question, commune aux six films (en particulier dans le 2ème mais carrément sous-exploitée, et ici), circule sur ce qui est de l'apparence, à partir de la présence des nombreux masques que portent nos personnages: entre sauver le monde et nourrir les siens, qu'y a-t-il de mieux?


La trahison d'August Walker (Henry Cavill) est le parfait doigt d'honneur envers cette interrogation, car ce personnage n'a aucune humanité et ne vit que pour lui, contrairement à Hunt.


Une personnage en pleine évolution est le signe d'une saga qui s'agrandit en de bons termes.


Cependant, le film possède hélas le talon d'Achille de la facilité de la légèreté écrite et scénaristique...
Formulation obscure n'est-il pas ? Attention, ce n'est rien face à l'épreuve de rentrer dans le film: nous, spectateurs sommes projetés directement dans l'intrigue du film sans avoir à peine le temps de cligner de l'oeil et de s'interroger sur celle-ci ; effectivement, elle est d'abord assez confuse et c'est donc mission impossible de rentrer directement dans l'histoire.


Hormis cette faiblesse scénaristique faisant quelque peu tâche au film et à ma note, il est bon d'y voir le point fort majeur de ce film: les scènes d'action ! Orchestrées de main de maître, elles ne prennent aucun temps mort et ont la force d'être variées en matière: courses-poursuites à travers les rues de Paris, suspenses en montagne et aux hélicoptères, escalades... Le tout teinté d'un comique de situation rajoutant une bonne ambiance à l'histoire dans les moments durs.
Enfin, le film réussit à réinvestir dans une meilleure mesure des idées d'autres films (celle d'un agent plus humain que bourrin pour Rogue Nation


ou encore la fin, ou Hunt et August Walker sont suspendus au dessus du vide par un hélicoptère, rappelant la scène culte du bus suspendu dans Jurassic Park: Le Monde perdu (1997) ).


Ainsi, du bonheur, une réflexion inédite sur l'apparence et des étoiles plein les yeux face au spectacle que nous montre cette nouvelle suite aboutie, qui aurait pu aller plus loin dans son intrigue mais qui se rattrape fortement par ses scènes d'action pas des moindres et, à titre personnel, les effets supplémentaires que m'a apporté la 4DX à mon visionnage. Si un Mission: Impossible 7 est confirmé pour 2021, j'achète direct !

Créée

le 18 déc. 2020

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