Difficile de venir après l'inattendu et incroyable succès de Protocole Fantôme!
Et pourtant, c'est la mission que Christophe McQuarrie (Jack Reacher) a toutefois accepté et sa réussite est telle que ni lui ni ses associés seront pris ou tués: le département du spectatorat ne niera donc absolument pas avoir eu connaissance de ses agissements.


Que du bon, dans ce cinquième opus, que du bon!
Le casting est bien mieux utilisé:
Ving Rhames (Pulp fiction) revient et fait surtout plus de présence,manquant beaucoup dans la précédente mission.
L'occasion de le mettre en binôme avec le probable successeur de Hunt, William Brandt, campé par un Jeremy Renner (Démineurs, L'Héritage [dans la peau], Avengers) très en forme et convaincu par son rôle qui, cette fois, a droit au rôle jusqu'ici quasi monopolisé par Cruise (Voight et Patton faisant exceptions) de chef d'équipe, qui décide de l'avenir de la IMF avec le chef de la CIA.
Rebecca Ferguson (l'acolyte d'Hercule), qui a affolé la toile et le monde du cinéma avec son élégante robe de soirée jaune et surtout ses talents d'espionne dépassant ceux de Hunt


(elle le sauve plusieurs fois d'une mort certaine)


parvient à faire oublier le grand amour impossible car civil de la vie de notre espion favori,Julia, offrant à la saga un personnage haut en couleur mais aussi très secret, au physique assez particulier et au nom qui ne laisse aucun doute sur son économie dans la diégèse du nouvel opus: Faust. D'une part, comme le bon Docteur dont elle reprend le nom, elle doit pactiser avec le méchant pour mieux le vaincre, d'autre part - suivant le sens substantival du mot, homologue allemand de l'anglais "fist" - elle va distribuer une bonne volée de coups de poing sans y aller de main morte. Elle compose ici un équivalent huntien de Vesper Lynd chez James Bond, choix qui est indiqué au spectateur par une scène en clin d'oeil aux tonneaux (reccord mondial) effectués par l'Aston martin de 007 dans Casino Royale en 2006.
Mais la palme est à décerner à Simon Pegg (Shaun of the dead), qui a su se rendre si nécessaire en spécialiste des gadgets depuis le troisième opus que l'on regrette qu'il n'ait pas été choisi par Broccoli-Wilson pour le rôle de Q dans la saga James Bond. Dans ce film, il apporte plus que son comique habituel qui l'a rendu indispensable: il apporte toute son humanité avec son lot d'imperfection, de courage et de loyauté, déchirante de réalisme. En un mot, le petit britannique amusant est LE point fort du film qu'il porte sur ses épaules. Mention TRES BIEN à Simon Pegg qui ne cesse de nous éblouir par son talent d'acteur incontournable. Cruise a trouvé son partenaire et Mission: impossible n'est désormais plus la saga d'un seul homme.
Enfin, Tom Cruise a su mettre son orgueil de personnage central de côté pour privilégier sa participation aux cascades les plus folles, les faisant lui-même (la désormais célèbre scène de l'avion) ou composant avec réalisme avec les effets spéciaux.


( je pense particulièrement à la scène de noyade au Maroc, angoissante et étouffante par empathie, où le jeu de Cruise fait toute la différence. Ethan Hunt n'a jamais vu la mort d'aussi prêt et de façon si effroyable!)


Le casting et les scènes d'action s'octroie des liens discrets, subtils, toujours intéressants avec d'autres grands univers de l'espionnage:
- avec Jack Ryan, le célèbre analyste de Tom Clancy, en la personne de son tout premier interprète au cinéma face à Sean Connery dans A la poursuite d'Octobre rouge: Alec Baldwin, qui campe le chef de la CIA, opposant de Brandt qui dissout la IMF.
- avec James Bond par plusieurs clins d'oeil (dont un est évoqué plus haut), par l'appartenance d'Isla Faust


et du chef du Syndicat


au MI6 mais surtout avec ce méchant digne du Raoul Sylva de Skyfall, s'infiltrant partout avec son ordinateur, et chef d'une organisation anti-IMF comme celle de Sylva est l'anti-MI6. Cette organisation appelée le Syndicat s'inspire d'ailleurs directement du Spectre qui reviendra bientôt dans l'univers de 007.
Hasardons d'ailleurs une digression pour montrer combien les deux sagas communiquent: Protocole Fantôme inspire le synonyme Spectre à Sam Mendès qui lui emprunte Léa Seydoux et reprend de Rogue Nation l'idée d'une cascade en avion. Skyfall inspire à Mission: impossible le Syndicat et son infiltration digne de l'organisation Quantum dans tous les recoins de la IMF.


Syndicat qui, outre son sens politique et son sens gangster, permet un effet de surprise sans pareil, réussissant par écart artistique là où la saison 4 de la série originale a échoué.


Pour la première fois, ce sont les méchants qui donne pour mission au héros de les traquer, arguant, sardoniques, qu'il n'y parviendra pas, cela avant de la gazer avec la fumée du message s'auto-détruisant.
Le chef du Syndicat renouvelle l'exploit en donnant un rendez-vous à Hunt vers la fin du film en employant la formule "votre mission, si toutefois vous l'acceptez".
La saison 4 de la série originale avait tout simplement décidé de se défaire des scènes de message de mission.


La réussite du film est aussi dans l'enchaînement de scènes d'action à couper le souffle sans jamais ennuyer, en les ponctuant d'humour, entre deux passages d'espionnage old school et pourtant bien de notre temps à l'Opéra de Vienne et à Buckingham Palace. Tom Cruise, à peine ressuscité par électrode se lance dans une poursuite folle en voiture puis en moto pour rattraper sa sauveuse qui lui a volé un artefact important, tout cela après avoir mis en joue le tueur qui l'a mise en joue à l'opéra où elle mettait en joue un politicien influent.
Cet encadrement d'action pure par de l'espionnage bénéficie d'une construction désarmante en double épandiplose


(le gazeur devient le gazé) et les scènes parallèles de discussion devant le jury


qui donne une unité parfaite à cet excellent volet des aventures de Ethan Hunt.


Que du bon ... mais quand même deux réclamations de votre serviteur, alias Jojo le râleur.
Doléances première: Rogue Nation est trop similaire au précédent opus dans une saga dont la principale force est l'originalité propre à chaque volet. Espérons que ne devienne pas une habitude le "je copie les copains pour être sûr que ça marche!".
Doléance seconde (de la part du bondmaniaque déçu et aigri: promis, il se taira ...ou pas): Un Mission: impossible qui implique dans son aventure le MI6 sans tenter une rencontre entre Hunt et Bond! C'est criminel! C'est un crime pendable même quand on sait que les U.N.C.L.E ont réussi à le faire dans Le Retour des Agents très spéciaux où le contexte ne favorise pas la rencontre! SHAME ON YOU MCQUARRIE!!!! ;)


Mission: accomplie, une véritable drogue tant il est bon. Ce film est à voir, à revoir et à revoir mille fois!
Ce message ne s'autodétruira pas dans cinq secondes.

Frenhofer
9
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le 19 sept. 2015

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Frenhofer

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