Mission impossible, c'est et ça restera une histoire de course-poursuite. Dans tout les épisodes, on s'en tient à "Mission Impossible doit capturer, retrouver, obtenir quelque chose ou quelqu'un avant d'autres personnes". Tout l'art est de savoir se renouveler alors que le concept de base reste le même.
De ce fait, on peut l'opposer à la saga James Bond, qui elle joue justement sur le non renouvellement mais plutôt sur une répétition d'un même schéma d'action et de narration collé à son époque de création. Mission Impossible, à l'inverse, brode quelque chose selon les aspirations de son réalisateur. Et ce cinquième opus ne déroge pas à la règle.
Christopher McQuarrie a insufflé ce qu'il avait déjà mis dans Jack Reacher, film âpre et sombre à la morale dérangeante et à l'antagoniste très froid (magnifié par Werner Herzog). Il reproduit ce schéma dans ce film tout en y apportant un jeu de miroir très intéressant: Ethan Hunt et sa bande devront traquer leur parfaite Némésis, une anti Mission-Impossible. Des personnes aussi douées qu'eux à l'espionnage et à la manipulation. Défi hautement relevé à rendre crédible sur l'écran, mais défi réussi.
Je ne vais pas dévoiler le croustillant de l'affaire, vu que la BA est absolument sublime dans le sens qu'elle semble tout dévoiler jusqu'à son fameux money-shot. Mais quelle surprise de voir que le fameux money-shot se déroule au bout de 3 minutes de film. Oui, le plan d'Ethan Hunt accroché à l'avion sert d'introduction au film. Couillu, et on s'est fait manipulé.
McQuarrie redonne à Mission Impossible ce petit plaisir ludique de savoir comment va se terminer une scène, comment il va résoudre la situation, qui contrôle qui et où est le piège. Tout ça passe par une maitrise du rythme parfaite, un découpage ni trop lent ni trop rapide, des plans choisis astucieusement et une cohérence de récit jamais sacrifiée sur ce plaisir de recherche. A chaque scène, la satisfaction est au bout. A chaque séquence d'action, la démesure ne dépasse jamais la limite de l'incrédulité (à contrario des F&F qui eux s'en contrebalance) et les choix des personnages sont toujours cohérent à travers une psychologie travaillée et respectée jusqu'au bout. Je note d'ailleurs que le film contient l'un des personnages féminins les mieux écrit et interprété des dix dernières années (à l'exception de Mad Max Fury Road, quelle année 2015 mes amis !). L'actrice est rayonnante d'une beauté qu'Hollywood n'offre plus et qui pourtant envoie beaucoup plus que n'importe quelle Megan Fox ou Rosie-Huntington Whiteley. Son nom est Rebecca Fergusson, suédoise de nationalité et j'espère sincèrement que ça permettra à Hollywood de reprendre des actrices avec un charisme et une beauté intérieure d'acting au lieu des cruches sorties des podiums de défilés de mode.
Bref, normalement je ne devrais même pas vous inciter à voir un blockbuster avec Tom Cruise dedans, c'est toujours bon. Quoi qu'on en dise, son travail d'acteur et de producteur reste exemplaire, cet homme n'a fait aucun mauvais film depuis des années et sa filmographie ne cesse de s'agrandir pour devenir un monument de cinéma. Tom Cruise devient l'équivalent de ce qu'à pu être John Wayne à une époque, un acteur qui voit sa légende grandir à chacun des films qu'il fait et produit de sa poche. C'est une œuvre en partie à sa gloire, mais quand elles innovent à chaque fois et rendent hommage le plus sincèrement du monde à des univers différent comme la SF, les films d'espionnage, les films noirs, les films de guerre, voir même les jeux vidéos (Hideo Kojima aura une érection en regardant ce Mission Impossible), je ne peux que m'incliner. Courez-le voir, ce film est excellent.