S’il y a une chose qu’on ne peut repprocher à Tom Cruise, c’est bien cette capacité à savoir s’entourer (professionnellement) et continuer de carburer à la nitroglycérine, la cinquantaine passée, au point de le transformer aujourd’hui en action man idéal. Ni trop. Ni trop peu. Pour le cinquième épisode d’une franchise qui vieillit sacrément bien, il réendosse donc les habits (très smarts) d’Ethan Hunt, patron de l’équipe Mission Impossible, devant la caméra de Christopher McQuarrie qui l’avait dirigé dans le (très) bon Jack Reacher (2012) après lui avoir écrit Valkyrie (Bryan Singer, 2009) et Protocole Fantôme (Brad Bird, 2011). Scénariste aguerri (Usual Suspects, X-Men), McQuarrie n’a pas forcément une patte visuelle très personnelle, ni reconnaissable, à la différence de ses prédécesseurs (Brian de Palma, John Woo, JJ Abrams, Brad Bird) mais ce qu’il parvient à tirer de son histoire tordue – une organisation terroriste opère sous le sobriquet de Syndicat et tout le toutim – s’avère appliqué et d’une redoutable efficacité. Surtout, il ne confond jamais précipitation et vitesse avec hystérie, maître étalon actuel, ce qui nous change du tout venant hollywodien pour qui la surenchère semble inscrite en lettres de feu dans les cahiers des charges en circulation.


Rogue Nation, sous titre de ce nouvel épisode virevoltant, propose le cocktail habituel : action, humour, poursuites, mises en péril, situations abracadabrantesques, le tout avec une certaine rugosité dans sa narration au cordeau, qui nous prend par la main et nous embarque d’une épreuve à l’autre avec une intelligente fluidité. Empaqueter la chose de la sorte n’est pas donné à tout le monde, surtout dans le carcan d’une série aussi codifiée que Mission Impossible où les faux-semblants, trahisons et autres plans foireux s’enquillent mécaniquement. Et ceci sans jamais perdre de vue son statut de divertissement hard boiled populaire !


Le film, dans ses archétypes bien établis, réussi même l’exploit de proposer un rôle féminin fort (si, si). Attention, pas une comparse-combattante surentrainée qui s’écroulerait avant d’être secourue par le héros prince-charmant. Non, Ilsa Faust (Rebecca Ferguson et ses airs de Jaqueline Bisset) est ici le véritable pendant d’Ethan Hunt, plus encore que le méchamment méchant impavide impassible Solomane Lane (Sean Harris, impeccable de froideur). Paradoxal. Personnage complexe et intriguant, elle est promise à revenir dans une suite déjà attendue. Car Ilsa Faust (qui aura rompu son pacte avec le diable) est à l’image de cette série qui sait encore jouer avec les nerfs sur des recettes ultra codées mais savamment orchestrées et adaptées au(x) goût(s) du jour. Cela permet à Mission Impossible de rester l’une des franchises blockbuster actuelles les plus efficaces.


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AmarokMag
7
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le 13 sept. 2015

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