Mission : acceptée

Rogue nation est une sorte de course effrenée, peut être plus dans les dialogues que par les scènes d'actions. Les liens et jeux de mots entre chaque réplique sont incessants, et dire que le film est rythméserait un euphémisme : il n'y a quasiment pas de temps morts, faisant éprouver au spectateur, la rare sensation de peut être rater quelque chose - puisque tout va presque trop vite, quand généralement c'est le sentiment de lenteur et d'ennuis qu'on trouve dans tant d'autres productions.

Ce que je pourrai reprocher, ce serait plutôt le manque de prise de risque, à être trop dans la punchline (la réplique qui fait mouche) et l'enchainement parfait de scène, tout devient trop parfait mais sans la patte de l'auteur, le quelque chose qui excuse tout le reste. J'adore la touche esthétique du film, d'autant mieux servie par un réalisateur sûr de lui techniquement : la caméra alterne subtilement les points de vues, vitesse de défilements, les jeux de lumières et de focale, les rails et déplacements à l'épaule. Les couleurs sont chaudes, contrastées, le grain présent, ça donne envie de plonger dans le film aux allures de magazines de modes aux photos qui n'ont jamais vu un brin de la vie de tous les jours, de ce côté la réussite est totale.

Mais il manque la touche d'imprévu, d'humilité, de non-maîtrise pour lui donner la personnalité qu'avaient d'autres épisodes (comment ne pas penser au premier ?)

Autre reproche, l'aspect scénaristique, brillamment construit mais pas assez creusé. Le personnage de Solomon Lane est intéressant, mais à l'origine floue, aurait mérité d'avoir un meilleur soutien, car l'acteur a vraiment la tête de l'emploi et forme pour moi un des meilleurs "matériaux" que j'ai vu ces dernières années au cinéma...contrairement à d'autres comme le Doctor Bone, complètement ridicule et stéréotypé. Sommes-nous toujours dans les années 80 avec des méchants punks issus de blocs de l'est en blouson noir ? Il semble que oui...

L'alter ego d'Ethan Hunt féminine du film est pour moi l'autre révélation. Au casting je voyais Alec Baldwin apparaitre, étonné. Je le cherchais du regard, sans le trouver, mais dès que je l'ai vu, j'ai cru que leur grande famille comportait également une soeur prénommée Alec tant la physionomie est proche (plongez dans ces yeux...), qui saura, de manière très classique, mener le spectateur en bateau (alliée ? ennemie ? catwoman !) jusqu'à la fin.

Certains personnages sont présents un peu trop à titre de rappel (Ving Rhames) sans apport réel et contribue au sentiment de réchauffé, par moment, comme pour l'utilisation des même jokers technologiques pour atteindre le saint des saints en toute discrétion. Le hacker et Brandt sont cependant bien plus présents et leur relation à Ethan bien retranscrite, l'enjeu final était assez intéressamment amené et exploité.

En conclusion à cette très humble critique, que je ne veux volontairement pas creuser ni rendre littéraire, il m'est difficile d'attribuer une note : le film est un extraordinaire blockbuster, un bon mission impossible, à la conduite honnête mais perfectible. Ce serait comme admirer le nouveau bolide Ferrari avec les yeux brillants, pour, une foie sortie de l'euphorie, en constater les défauts objectifs.

Ne boudons pas notre plaisir. Quand on conduit une mustang avec un V8, ce n'est pas pour le confort des places arrières.