Guitares folles. Paysages ruraux et colorés sous un soleil doux et lumineux. Un gars qui prend son pied sur son vélo.

Voici comment "Mobile Home" s'ouvre : d'une manière légère, décontractée et pleine d'une vivace jeunesse, à l'image de la mise en scène qui est sobre, simple mais efficace, malicieuse parfois au détour d'un remorquage, mettant aussi bien la beauté de nos paysages en valeur que la sincérité des acteurs.

La jeunesse : tel est le sujet dont il est bien question tout au long du film, sous diverses formes incarnées ici par Simon et Julien, deux potes "adulescents" ayant la trentaine , un pied dans l'enfance et un autre dans l'avenir, se complétant mutuellement tout en se dissociant d'une manière tellement subtile que la fracture finale provoque un véritable tremblement de terre.

Comment les 2 meilleurs amis du monde, des rêves pleins la tête, l'envie de les vivre et de tout quitter pour ceux-ci peuvent en venir à suivre deux routes fondamentalements diffèrentes ? Comment passent-ils d'un premier (faux) départ fougueux, téméraire en enjoué à un second boudé autant par ces antihéros que par la météo ? Voici ce que "Mobile Home" nous montre avec brio, en douceur, en nous annonçant la couleur, en nous donnant des indices mais sans pour autant perdre une once de la force du message qui se dégage de ses images.

Simon,pseudo Angus Stone charmeur qui se refuse à la vie de couple metro-boulot-dodo, pousse un coup de gueule et convainc son pote de toujours, Julien, à la fois discret et robuste, handicapé avec les femmes et pourtant d'une tendresse infinie avec son paternel de réaliser un rêve qui fût et sera toujours propre aux hommes : partir et vivre sa vie au jour le jour, sans entraves, en se nourrissant des fruits de l'aventure, vivant au gré des saisons et des pays, bougeants ou bon leur semble, quand bon leur semble.

Seulement voilà que d'aventuriers ils passent au statut de jardiniers après une folle - et drôle - course poursuite des deux gaillards poursuivis par les parents de Simon qui n'étaient guère au courant de leur périple en duo à bord de leur "truc de hollandais".

Retour à la case départ et les voilà travaillant pour mieux repartir ensuite. Au fil du quotidien, Simon se voit embarqué dans une relation avec une jeune fille, Maja, qui ne devait être qu'un coup d'une fois et d'adieu, tandis que Julien ne peut s'empêcher de continuer à veiller sur son père, Luc (joué avec talent par un Jean-Paul Bonnaire dont la performance est à saluer) et entame lui aussi une relation avec Valérie, mère célibataire quiu n'hésite pas à passer outre la timidité du barbu au grand coeur, lui montrant la voie vers une (possible) vie qui serait faite d'amour et de famille...



Voilà qu'ensuite, au sein du projet de partir en naît un autre : après avoir croisé par hasard une ancienne connaissance à qui tout a réussi dans la vie, Simon se voile la face, ressort sa vieille guitare pour devenir une rockstar sur la route et se (re)-déouvre un talent - un peu rouillé - pour la composition. Projet tué dans l'oeuf dès la première répétition qui fini en cover de "Where Is My Mind ? , habile question qui résume l'état d'esprit de Simon et Julien dont les incertitudes et les doutes se multiplient.

La tension monte à son paroxysme lorsque Simon se voit rattrapé par les meubles de son passé, qu'il détruit de rage, supprimant par la même occasion une des dernières attaches qui le retenaient après avoir rompu avec Maja, tandis que de son côté Julien réalise que son père ne peut vivre sans lui quand il lui lance divers appels au secours en simulant la panne de son imprimante et en jouant au casse-cou au sommet dune echelle.

Arrive ensuite la séparation, séparation de Simon et de ses parents, séparation du duo quand Julien décide de ne pas vivre cette vie et de prendre l'autre qui lui est offerte chez lui, de choisir la douce sécurité de la normalité , séparation des rêves et des avenirs.

C'est ainsi que ce génial duo à vécu une fantastique aventure, mais chacun de son côté tout en pensant être ensemble sans jamais vraiment l'être, trouvant les réponses aux questions de leur existence que bien des personnes n'ont jamais la force de trouver pour faire le choix qui déterminera le reste de leur vie.

Un film qui est une belle leçon sur les rêves et la puissance qu'ils peuvent apporter, mais aussi sur la faiblesse qui s'empare de ceux qui doivent tout quitter et affronter leur passé et leur présent pour tout recommencer.
TheMyopist
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le 10 févr. 2013

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