Que dire ? Oserais-je parler de chef-d'oeuvre ? Avis donné à chaud, peut-être à revoir avec plus de perspective.


Il y a le format, bien sûr, mais surtout la photographie. Absolument parfaite ; pensée, millimétrée, mais émotionnelle et vivante ! Aucun plan n'est laissé au hasard, de vibration en vibration, c'est la définition de l'image qui participe au film. Sans elle, l'histoire n'est plus la même.


La B.O, parfois amusante par son ridicule (du moins pour un point de vue français), parfois prenante, elle n'est jamais une ambiance de fond agaçante dont on se passerait bien. Toujours à propos ; quand elle ne l'est pas, c'est volontaire et ça crée un malaise authentique qui vous plonge dans la scène jusqu'au bout des cheveux.


Et bien sûr, il y a les acteurs, qui vivent le scénario pour le raconter. Aucune fausse note, l'artiste disparaît sous son personnage. A aucun moment je n'ai cherché à voir Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon ou Suzanne Clément : n'existaient que leurs personnages. Le jeune homme au centre de l'histoire bien sûr est magistral. Il est... corporel. L'Energie, la Folie, le Mouvement, c'est une incarnation exacerbée. Il est joie et souffrance à la fois, violence et passion, amour et colère, liberté et chaînes aux poignets...


Son personnage, c'est tout ça, et le sentiment que le monde ne suffit pas. Sous prétexte de l'aider (de le contrôler), on l'étouffe, on le cloue au sol... Mais Steve, lui, il veut voler. Il veut prendre, il veut aimer à sa façon, nager dans les airs et se rire du danger.


Trois images... Steve sur son longboard, au milieu de la route, qui déploie ses bras comme des ailes, dans un geste d'une élégance époustouflante, l'expression exaltée sur le visage, il transforme sa vie en Beauté. A un autre moment, même contexte, mais il se sert cette fois d'un caddie comme moyen de rouler sur la route ; les voitures, gênées, se plaignent, et il leur lance des fruits en riant "Liberté !" "Liberté !" ... Et enfin, dans le couloir d'un hôpital, la dernière sangle se détache, mains, bras, jambes, Steve s'envole presque littéralement, fier d'être indomptable, vers les fenêtres, vers le dehors, loin de ceux qui croient pouvoir l’oppresser.


Je ne raconterai rien. L'histoire, si vous la voulez, vous la découvrirez vous-même. Ce film est une Beauté, vous n'aurez rien perdu.


PS : Les coréens ont l’œil ! Leur choix d'affiche est très proche de mon ressenti par rapport au film, bien plus que celle qu'on a vu partout en France. L'une d'elles montre les jambes de garçon en pleine course vers la fenêtre, l'autre la fameuse image du longboard.
En France, on s'est davantage focalisé sur la relation mère-fils et le côté danger-passion qu'elle implique.

Zosha
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le 5 mars 2020

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Zosha

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