C'est monnaie courante de lire diatribes sur diatribes sur Xavier Dolan, un réalisateur que je connais encore fort mal mais qui m'avait asséné une première onde de choc avec Laurence Anyways. Un film juste, sensible et esthétique et c'est ce que j'espérais retrouver pour une deuxième approche évidemment bourrée d'espoir avec Mommy que certains considèrent comme sa plus grande réussite. Malheureusement, ce fut la douche froide alors que tout démarrait bien avec cette mère célibataire noyée de problèmes qui, pour ne rien arranger, voit débarquer dans sa vie son fils turbulent souffrant de THDA. Gare à sa petite bouille d'enfant de choeur, le garçon est un vrai tourbillon quand il se laisse submerger par ses émotions au point de casser tout autour de lui et de traiter sa mère avec le dictionnaire entier des gros mots en québecois. J'aime bien ce genre de scénario. La famille dissoute qui tente de se reconstruire, l'élément charnière qui va essayer au mieux de se reconstruire, les drames inhérents au douloureux changement.
Alors oui il y a ça mais non le résultat ne m'a pas convaincu. Bon déjà, on va être très bref là-dessus. L'écran resserré, je ne supporte pas. Ca aurait son utilité dans un huit-clos mais pas dans un film de ce genre si ce n'est d'y insérer la patte facile de l'auteur. La lisibilité en est réduite et Dolan s'en est bien aperçu à deux reprises puisqu'il ouvrira son cadre dans les moments où "il faudrait peut-être mettre les paysages en valeur en fait". Et ça c'est artificiel ! Mommy est artificiel dans ses choix. On s'efforce de croire au calvaire de cette petite famille mais il y a toujours un truc qui nous sort à un moment ou à un autre. Ca peut passer par ces scènes qui font plus penser à un clip vidéo sorti d'Instagram qu'à la réalité (ex : Steve jouant avec le caddie sur la route, Steve jouant avec le caddie sur le parking, Steve roulant en longboard sur la route les bras tendus).
Voilà ce que je considère comme des artifices vains et tape-à-l'oeil mais il y a finalement plus grave derrière. C'est la nécessité d'en faire des tonnes et des tonnes. L'idée du Canada fictif au final on s'en fout un peu. De toute façon, tout tourne autour de Steve et sa mère sans volonté d'universaliser le propos. Faire de la dystopie qui ne se réduit qu'à un casting succinct alors que c'est censé faire participer toute une société, il y a un problème. Bon ensuite, notre chère Kyla est bien mignonne, tout ce que vous voulez mais le fait qu'elle se dévoue corps et âme à Steve alors qu'elle a quand même un mari et une jeune fille, on y croit moyen, surtout quand elle part en voyage avec Stevie et Die. Pire encore, elle se met dans tous ses états. Car non content de rester en superficie de sa problématique sociétale, Mommy veut émouvoir à tout prix. Ca crie, ça pleure en permanence. Ca nous ferait presque passer nous les italiens pour des gens sous Xanax.
Le drame, c'est une histoire de simplicité et de sincérité. Avoir comme but de toucher les émotions basses des gens ne peut que mener à l'échec car il implique de facto la mise en place d'artifices préalablement cités auxquels cas nous pourrons rajouter une OST qui peut vite devenir assourdissante dans les moments supposés être intenses. Moi voir des gens qui hurlent les larmes aux yeux, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, pas plus que cette scène oedipienne sortie d'on ne sait où. Dans le fond, c'est un peu dommage que toute cette émotion dirigée que Dolan nous assène avec la force d'un ogre crée de l'agacement car il y a de bons points. Antoine-Olivier Pilon est très charismatique et entre deux prises de tête tapageuses notre tandem se débrouille bien. Le clap de fin est de toute beauté, voyant le garçon désespéré s'enfuir à la poursuite de la seule chose qui lui donne une raison de vivre : sa mère.
Toutefois, j'exclurai les critiques adressées à Dolan car derrière il y a Laurence Anyways et que j'ai encore beaucoup à voir dans sa filmo. Mommy est un raté à mes yeux, bien trop dirigiste et bourrin. Quand on essaie de me faire pleurer, on se heurte à un mur avec moi.