Note à M. Dolan, la loi ne stipule pas, elle DISPOSE !!!

Voilà, fallait que ça sorte, ce détail présent dans l'introduction du film m'a emmerdé au plus haut point durant les 5 premières minutes du film, et même pendant le reste à certains moments, faut dire que je suis étudiant en droit, et qu'une énormité de la sorte en ferait tiquer plus d'un comme moi.

Passons ce qui est le seul défaut du film, attardons nous sur ce qui est à mes yeux le meilleur film de 2014 à ce jour. Je vais essayer de faire vite car vu que je n'ai que du bien à dire de ce film, ça ferait un peu suceur.

« Dolan est un génie, sa mise en scène est parfaite, chaque plan est un délice pour les yeux, il joue parfaitement avec les codes, ect... » Voilà le genre de phrases que j'avais entendu sur Dolan, réalisateur que je ne connaissais pas du tout avant le raz-de-marée Mommy, encore un réalisateur surcôté pour des mecs qui se la jouent cinéphiles intello de mon cul. Je n'ai jamais eu aussi tort de ma vie, je suis presque allé voir le film à reculons, et j'ai été bluffé de A à Z.

Oui Dolan est un génie. Oui la mise en scène est parfaite, le format en 1:1 c'était couillu, et il joue parfaitement là dessus, puisqu'il change de format à plusieurs reprises au cours du film, le cadre représente totalement l'émotion du moment, et nous fait ressentir d'emblée l'état d'esprit des personnages. Oui chaque plan est un délice pour les yeux, Dolan arrive à nous faire ressentir, nous faire apprécier chaque instant du film, à nous étouffer par ses cadres très rapprochés, à nous éloigner. Et surtout il arrive à nous mettre de sacrées claques en pleine gueule, car ce film en est une énorme de claque, et encore je n'ai parlé que de l'homme derrière la caméra pour l'instant, et je ne suis pas du genre à m'extasier pour rien sur la beauté d'un film, s'il était magnifique mais vide je n'aurais pas hésité une seconde à lui foutre un 1 (coucou 2001). Non ce film est plus qu'une réalisation parfaite, c'est aussi une histoire émouvante portée par des acteurs au sommet de ce qu'on peut jouer.

Antoine-Olivier Pilon est sans doute la grosse révélation du film, je l'avais déjà adoré dans le clip d'Indochine « College Boy » (déjà réalisé par ce cher Xavier Dolan), mais là il montre un talent infini, surtout que j'ai été choqué de découvrir que le bonhomme n'a que 17 ans, ça lui promet une carrière de malade s'il ne fait pas le con. Il interprète Steve, ado turbulent car un peu dérangé mentalement, le personnage sait qu'il fait du mal, à sa mère notamment, mais il ne peut s'en empêcher sur le moment, lorsque sa colère prend le pas sur sa raison, il regrette tout de suite après. C'est typiquement le genre de personnage qui aurait pu m'exaspérer au plus haut point, c'était sans compter sur cette interprétation magistrale d'un personnage qui au final est rempli d'amour, de joie de vivre, et surtout d'émotions liées à la mort de son père, qui ont fait qu'il reste très proche de sa mère. On voit clairement qu'il subit ce trouble, et tente de tout son possible de le surmonter, même si ce n'est clairement pas évident et qu'il lui arrive d'avoir des craquages.

Anne Dorval est quant à elle une actrice dont j'avais entendu beaucoup de bien, sans jamais l'avoir vue en action. C'est donc une belle découverte pour moi. Elle campe à la perfection Die (Diana), la mère de Steve, une femme qui laisse tomber (un peu forcée certes) son travail pour s'occuper à plein temps de son fils, ne souhaitant pas l'abandonner en HP. Le ton du personnage est donné dès le début du film, lorsque celle-ci à un rendez-vous avec la direction du centre où était Steve. On y voit une femme forte, qui aime son fils et surtout s'en tape complètement du regard des autres. Au cours du film, le personnage évolue fortement, d'abord proche mais craintive par rapport à son fils, elle se libère peu à peu et va tout tenter pour l'aider, le protéger quoi qu'il arrive. Elle essaie au final de faire ce qui semble le mieux pour lui, que cela se révèle le cas ou non la bonne solution, on la voit aussi rêver pour son fils, dans une scène qui m'a pris aux tripes, je n'en dirai pas plus là dessus.

Ce duo constitué par la mère et son fils ne serait rien sans Kyla, jouée par la très charmante Suzanne Clément, un personnage timide, en témoigne son bégaiement dont la raison n'est pas clairement expliquée dans le film. Ce personnage va se libérer au contact du duo, et une forte amitié va naître entre ces trois, c'est avec elle que l'histoire avance, d'abord par rencontre sa rencontre avec Steve après une crise de ce dernier, ensuite par cette scène très touchante où exaspérée par l'attitude du jeune homme alors qu'elle tentait de la faire cours, elle craque totalement et une autre facette de ce personnage que l'on avait vu seulement faible jusqu'à présent se révèle. Cette amitié et cette libération affichée vis-à-vie du duo contraste fortement avec sa vie de famille, qui est plutôt suggérée, mais ses problèmes de langages s'effacent complètement au contact du duo alors que celui-ci est toujours présent au contact de son mari et de sa fille, signe d'un malaise évident et d'un épanouissement limité, comme elle l'explique elle-même lorsqu'elle avoue à Die suivre son mari selon les nécessités imposées par le métier de celui-ci.

Enfin j'aimerais écrire un petit paragraphe sur la bande originale du film, qui est ni plus ni moins qu'un pur délice. Dolan choisit à la perfection à quel moment mettre une composition au piano, et à quel moment intégré une chanson. Les chansons présentes ne sont pas toujours absentes de la vie des personnages et n'ont pas l'effet « clip », ainsi l'amitié entre nos trois protagonistes se lie sur « On ne change pas » de Céline Dion, Steve interprète une version aussi touchante (avec les abrutis qui auraient mérité une castration manuelle, mais c'est un petit aparté qui ne concerne que moi) que fausse (c'est pas non plus une atrocité, mais je ne l'écouterais pas en dehors du film, bref) de « Vivo per lei », on a aussi de magnifiques séquences sur « Wonderwall », « White flag », « Born to die », et j'en passe. Cette bande son était clairement pour moi une des nombreuses réussites du film.

Pour conclure je ne peux que conseiller à tout le monde de courir voir au cinéma ce film qui est ni plus ni moins que le meilleur film sorti jusqu'à présent dans une année chargée en très bons films, c'est dire la performance de Xavier Dolan, réalisateur dont je vais me presser d'approfondir la filmographie déjà étoffée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti autant d'émotions au cinéma !

« Je vais essayer de faire vite car vu que je n'ai que du bien à dire de ce film, ça ferait un peu suceur. »
Merde.
KiraYagami
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le 16 oct. 2014

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KiraYagami

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