Robert De Niro se transforme en détecteur de mensonge vivant pour effrayer Ben Stiller dans une comédie débridée signée Jay Roach.

Malgré une boulimie de travail impressionnante, Robert De Niro reste l'un des rares comédiens qui savent se renouveler en se faisant plaisir. Pour Jay Roach, le réalisateur des inénarrables Austin Powers, il fait preuve d'un registre comique original en créant un personnage acariâtre proche des méchantes belles-mères des contes enfantins. Il est Jack Byrnes, un père américain moyen qui s'apprête à rencontrer Greg Focker (Ben Stiller), le fiancé de sa plus jeune fille. Il se montre très accueillant, mais se révèle rapidement être un collectionneur de manies aussi absurdes qu'extravagantes. Condamné à lui plaire, Greg enchaîne les catastrophes et ce, le week-end même où Jack marie sa fille aînée.
Mon beau-père et moi fonctionne comme un bon vaudeville dont les situations rocambolesques s'enchaînent les unes aux autres sans laisser de répit au spectateur. Chaque gag appelle le suivant. Chaque mot provoque un rire ou du moins un sourire. C'est pourquoi ce film a recours à toutes les formes de comique. Le comique de répétition prend l'apparence du chat de Jack, un être supérieur totalement intouchable qui provoquera la catastrophe finale. Le comique de geste est dévoué au comédien Ben Stiller qui campe admirablement un personnage rappelant ceux dont Pierre Richard s'est fait le spécialiste: le maladroit sympathique. Quant au comique de situation, il est présent tout au long du scénario qui s'applique à plonger le spectateur dans un spectacle aussi délectable que la fameuse Party de Blake Edwards. Enfin le comique de mots est entièrement contenu dans le nom de famille du pauvre Greg (Focker peut aisément être confondu avec fucker dont la décence nous interdit la traduction littérale) et dans les répliques de De Niro.
Ce dernier incarne un ancien agent spécialisé dans la détection de mensonge qu'une déformation professionnelle a transformé en un impitoyable inquisiteur. Il ne laisse rien passer à personne et devient pour son entourage un gendarme de chaque instant. De Niro donne à son personnage un brin de folie qu'il fait passer dans un jeu subtil de grimace dont il a lui seul le secret. Devenu accoutumé des comédies, l'inoubliable Jake La Motta de Raging Bull s'amuse à parodier les tares les plus fréquentes chez les Américains moyens, comme le désir de perfection ou la paranoïa.
Mon beau-père et moi prouve de manière brillante que la comédie américaine n'est pas morte et que l'on peut divertir en se contentant d'un bon script soutenu par d'excellents acteurs reprenant leur rôle primaire: faire rire la galerie par leurs facéties et leurs bons mots
RemyD
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le 16 oct. 2010

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