Mon chien Stupide est adapté d'un roman que je n'ai pas lu, qui parle de la vie que je n'ai pas, celle d'un couple marié depuis 25 ans, avec 4 enfants et une grande baraque en province.
On pourrait donc penser que je ne sais pas quoi dire sur ce film, mais si car j'aime le cinéma, j'aime beaucoup Yvan Attal et j'adore les chiens. Bon ici le chien sert surtout de McGuffin, vous savez c'est l'objet popularisé par Hitchock, l'objet qui dans un film sert de point de départ à toutes les emmerdes. Ben là c'est Stupide, qui débarque dans la maison sans y être invité.


Mais le pitch c'est pas exactement ça, c'est l'histoire d'Henri, un auteur de bestseller en panne sèche d'inspiration. Mais genre la bonne panne, celle qui dure 25 ans. Ca fait 25 ans qu'il n'a sorti que des merdes, et il n'y a rien à faire jusqu'au moment où Stupide va entrer dans sa vie et surtout dans celle de sa famille. Cet événement va provoquer l'explosion de la maison. Pas au sens littéral mais au sens symbolique du terme. Un à un chacun va quitter le foyer pour finir par laisser Henri face à son rêve de vivre seul qui va finalement se transformer en solitude.


Je ne suis pas certaine d'être à l'aise avec le message véhiculé, en gros l'inspiration de l'artiste est anéanti par successivement par le bonheur, la vie de couple, le mariage, les enfants, l'éducation, la routine puis l'ennui. Mais force est d'admettre que c'est peut-être vrai. Je suis loin de la pensée unique qui impose à l'auteur de boire pour écrire bien ou au musicien de se poudrer le nez, mais être malheureux ça peut aussi être une drogue et c'est aussi avoir des choses profondes à partager. Et être heureux c'est ne pas avoir le temps d'écrire puisqu'on est trop occupé à vivre.


La mise en scène d'Yvan Attal est éblouissante, virtuose même. Il trimballe sa caméra en osmose totale avec son propos. Ce couple crève l'écran, l'alchimie entre Gainsbourg et Attal tutoie les étoiles aussi bien dans la passion que dans le dégoût.
Alors vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé mais il y a quand même un élément assez énorme qui m'a dérangé, c'est la musique. Elle est incessante, lassante, omniprésente et répétitive, là où on aurait aimé cultiver le silence. Le silence d'une grande maison, le silence de la campagne, le silence du nouveau roman qu'il n'écrit pas, le silence de son inspiration perdu, le silence entre cet homme et cette femme. Voilà c'est mon petit point négatif, le reste est vraiment beau.


Je parle souvent des comédies dramatiques française comme douce-amères, mais ici il n'y a pas de douceur, tout n'est qu'amertume, désespoir, et aigreur. Yvan Attal filme la famille comme personne, avec ce qu'il faut de cynisme et d'humour noir pour donner un peu de légèreté à ce film dramatique.

Leah_Marciano
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le 4 nov. 2019

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Leah_Marciano

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