J'étais terriblement excité à l'idée de voir Mon Garçon. Déjà parce que Guillaume Canet, tout simplement. Mais aussi parce que c'était un projet qui tenait beaucoup à cœur à Christian Carion, réalisateur à qui on doit entre autre le très connu Joyeux Noël. Mais si j'étais aussi excité de le voir, c'est parce qu'il semblait proposer enfin quelque chose de différent, quelque chose qui prouvait au cinéma français qu'on peut avancer et tenter de faire des films sans aucune blague vaseuse. De plus, afin que Guillaume Canet s'intègre le personnage, Christian Carion avait décidé de cacher l'histoire et le scénario au comédien principal afin qu'il découvre pendant les prises de quoi parlait le film et face à qui il avait affaire. Une expérience intense pour un comédien qui devra donc improviser, savoir réagir aux réactions et dialogues des autres. Bref, ça fait un bon paquet de raisons d'avoir envie de voir le film. Mais je suis malheureusement sorti extrêmement mitigé..


Mon Garçon se la joue ambiance thriller porté un par un personnage qui décide de se faire sa propre justice, un pitch assez connu des films américains dont certains bijoux comme Prisoners ont pu voir le jour. Sauf que là, le film dure 1h24 et Carion décide d'utiliser ce temps pour se consacrer uniquement au ressenti et aux actions du personnage du père, sauf que le résultat est à double tranchant : Guillaume Canet livre une performance impressionnante compte tenu de l'ambiance du tournage, offrant un regard, une haine, un désarroi qu'il a su chercher au plus profond de lui-même pour intégrer le personnage. Mais au prix de l'interprétation des autres comédiens, qui se retrouvent face à un autre en train d'improviser, ce qui donne un déséquilibre constant dans les dialogues : Mélanie Laurent a tendance à cabotiner, le flic enchaîne ses répliques sans forcément prendre compte de l'état du Père, ce qui lui donne un vieux ton à l'américaine tout comme les autres personnages dévoilés à la fin du film, sorte de clichés américains à la française qui ne font pas mouche. Personne ne semble être à la hauteur et la haine que dévoile le personnage de Père tombe du coup dans le fade de la réaction des autres. Cette sensation de ne pas être dans le même film provoque du coup un malaise, je n'ai pas eu l'impression de profiter de la tension que proposait du coup le film.


Tension que Carion décide de mettre en scène en choisissant des scènes assez longues dans la durée, où l'on suit presque pas à pas l'action de Guillaume Canet, sans passer par des ellipses. Un choix de mise en scène tout à fait honorable quand on sait que les américains, dans leur style, ont tendance à cutter trop souvent. Mais au prix du rythme du film, qui traîne à cause de plans redondants, pas forcément beaux (à l'exception des plans larges centrant les maisons au milieu des montagnes enneigées) et souvent sans une réelle composition de cadre. Le ton donc sombre par moment tombe alors dans la banalité, même avec cette musique usant de grosses basses, jusqu'à la scène finale que j'ai trouvé terriblement longue, malgré les enjeux, à cause d'une mise en scène trop plate et des comédiens vraiment à la ramasse.


Je veux croire au changement dans le cinéma français et je suis heureux que Christian Carion ait pris l'initiative de le prouver, mais Mon Garçon, bien qu'il soit une proposition de cinéma honorable au vu des bouses qui sortent tous les ans, ne claque pas assez selon moi pour marquer le changement. Le film ne tape assez du poing sur la table pour dire "Oui, on peut le faire." Et c'est ce qui m'a déçu à la sortie du film, mais j'étais tout autant mitigé : j'avais l'impression d'avoir vu un téléfilm mais avec des qualités qu'on ne verrait pas dans un film fait pour la télé (ok je commence à vous perdre..) mais je pense qu'il faut tout de même aller le voir, déjà parce que l'avis que je donne ne tient qu'à moi, mais aussi pour montrer au cinéma français que l'on veut voir ce genre de longs-métrages arriver en masse. C'est comme ça que cela progressera et le film est très loin d'être une honte. Pour moi la tension flotte et la bande-annonce m'a donné beaucoup plus de frissons, mais il faut persister à ce que ce genre arrive plus souvent dans les salles. Bisous.

Guimzee
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le 23 sept. 2017

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Guimzee

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