Tourné en six jours seulement, avec un acteur principal qui découvre le script en allant : voilà donc les informations qu’on nous a livré pour vendre ce « Mon garçon » de Christian Carion…


« Chouette » j’ai eu envie de dire dans un premier temps.
C’est culotté, c’est inhabituel, c’est intrigant.
Mais la vraie réaction qu’il aurait fallu que j’ai à l’écoute de ces informations ça aurait dû être « Et alors ? Qu’est-ce que ça change ? »


Parce qu’après tout, quand je me déplace au cinéma, c’est surtout dans l’espoir de tomber sur une expérience de visionnage ; pas une expérience de tournage.
A dire vrai, le tournage, à la base, on s’en fout un peu. Ce n’est que si certaines scènes nous saisissent pendant le visionnage qu’après on peut être intrigué par le tournage.
Et pour le coup j’aurais dû trouver ça intrigant que Carion communique de cette manière sur son nouveau film.
Pas de mise en avant des particularités de son histoire, de son atmosphère ou bien encore de ses expérimentations formelles.
Non, à la place de ça : il nous parle des particularités de son tournage…
Et à bien y réfléchir – avec le recul – je dois bien reconnaître c’est plutôt malin (fourbe mais malin), parce qu’à la base, moi, je n’avais effectivement pas trop envie de le voir ce film avant de connaître cette anecdote.
L’affiche, le pitch, l’auteur : rien ne me donnait envie de le voir ce « Mon garçon ».
Ça avait l’air tellement plat et convenu… Du coup, cette info, elle a clairement su jouer un rôle de teasing me concernant.
Mieux, elle a même cherché à jouer un rôle d’excuse anticipée.
C’était un peu comme si on m’avait dit avant le visionnage : « Bon tu sais, dans un souci d’authenticité, ce film, on l’a un peu fait à l’arrache. Donc bon, va falloir le prendre aussi en compte… »
Oui, c’était malin je l’avoue.
Mais c’est loupé.


C’est loupé parce que moi j’ai tendance à ne juger un film qu’au résultat final.
Or, au final, moi, on m’a servi une intrigue ultra bateau d’un père cherchant son fils kidnappé.
On m’a servi des ressorts scénaristiques ultra-grossiers.
On m’a servi un jeu d’acteur lamentable (Guillaume Canet, Xavier de Benoist et Mohamed Brikat rivalisent tous les trois en fausses notes : c’est hallucinant).
On m’a servi des cadres et une image vraiment dégueulasses.
On m’a servi des péripéties de plus en plus caricaturales, incohérentes et téléphonées. Et tout ça se finissant dans un festival d’absurdités et d’erreurs techniques grossières…
Alors bon, je dois réagir comment moi face à ça ? Je suis sensé dire : « le résultat est vraiment lamentable en termes de cinéma mais bon, au vu des contraintes fixées : franchement chapeau » ?


Woh !
Non mais t’es sérieux Christian là ?
Moi je ne demande pas à ce que les réalisateurs se refilent des contraintes !
Quel est mon gain moi là-dedans ?! S’il t’avait fallu deux mois de tournage de plus afin d’avoir une image de meilleure qualité, des dialogues moins transparents et répétitifs, et surtout afin d’éviter des faux raccords épiques, mais moi j’aurais adoré que tu les prennes tes deux mois !
Pour moi le prix de la place est le même au final !


Non mais oh ! Christian !
La dernière fois qu’on a vu un film oublier d’expliquer les vraies raisons de sa péripétie principale c’était « Divergente 2 » en 2015 !
La dernière fois qu’on a vu un film passer du jour à la nuit en moins de dix minutes intradiégétiques c’était dans le « Conan » de 2011 !
Non mais moi, je serais toi Christian, je me cacherais en constatant que, techniquement et scénaristiquement parlant, je range mon film à côté de ces deux étrons là !


Non mais c’est quoi franchement cette excuse à la con qui consiste à dire « je n’ai pas fait mon film rigoureusement mais bon c’est parce que j’avais envie de battre un record de rapidité lol ! »
Ça n’a pas de sens !
Fournir un film de ce niveau là, sincèrement je trouve que c’est franchement une honte.
C’est une honte parce que c’est du mépris.
C’est du mépris à l’égard des arts et les techniques du cinéma.
C’est du mépris à l’égard d’autres films plus rigoureux qui ne trouveront pas de salles parce que ce truc là leur aura pris la place.
Et surtout, c’est du mépris à l’égard des spectateurs qui ont pris la peine de se déplacer pour voir ça…


Alors certes, il y en a peut-être qui savent se satisfaire d’un film comme celui-ci qu’on dirait écrit et filmé par un gamin de seize ans qui s’est fait recalé d’une option audiovisuelle de lycée, mais moi je reste convaincu que ces mêmes spectateurs bien conciliants n’auraient sûrement pas craché contre davantage de rigueur, de savoir-faire, et surtout d’originalité.
Pour eux, au pire ça n’aurait rien changé, mais pour des gens comme moi, au moins, on ne m’aurait pas gâché une heure et demie de mon précieux temps.
Franchement ce film, c’est un vrai scandale…

Créée

le 1 oct. 2017

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