Les histoires d’amour sont les feel-good de l’éternel et sont forgées dans la même roche qu’un « je t’aime » sincère. Nul besoin de prononcer ces mots si on le pense assez fort. Et c’est ce que recherche Hugo Gélin comme connexion dans son récit, stimulé par la vitalité de ses personnages. Il s’agit de son point le plus fort, réussir à caractériser ses vedettes, non pas par la pensée, mais bien par une narration miroir. Il se détourne de son peu savoureux « Demain Tout Commence », pour retomber en amour avec ce qui l’a révélé sur grand écran, à savoir « Comme des frères ». On gravite autour d’une demoiselle à aimer et à comprendre, afin de renouer avec des sentiments les plus simples et le plus forts.


Le fantastique s’invite également au festival comique, qui ne tombe pas dans le piège du cynisme. Le réalisateur croît en son sujet et cela vaut la peine de s’y attarder, car cette œuvre se détache des romcom que nous sert périodiquement le cinéma français. On prend véritablement la peine de définir l’amour, dans son état le plus pur. Il s’agit d’une spontanéité, d’une chance et d’une construction charmante, qui promet une destinée heureuse à un couple. Qu’importent les obstacles et les sacrifices, cette notion doit convaincre, mais il pourrait en laisser quelques-uns sur le côté, non pas pour sa justesse, mais certainement pour sa répétition évasive et un peu longuette. Cette fable n’est pas parfaite pour autant, mais achève tout de même sa rêverie avec la tendresse qu’on doit lui reconnaître, une tendresse qui tient en quelques lignes. L’uchronie des choses fait que Raphaël (François Civil) s’embourbe dans une situation qui le dépasse et qui remet en cause ce coup de foudre, lui apportant gloire, succès et une compagne adorable.


Mais avant de se remémorer 10 ans de vie commune, il y a une étape qui n’échappe à aux caprices de la jeunesse. Le jeune homme cherche d’abord à se réinventer par le fantastique, qui viendra alors se marier avec sa réalité et son existence. Ces genres d’allusion seront nombreux et il conviendra de bien placer ces références, notamment anglo-saxonnes, pour que prenne enfin l’alchimie tant attendue. Le but est de reconquérir, ou juste de conquérir, une Olivia (Joséphine Japy) qui souffre de sa notoriété et son mode de vie, contrairement à son bien-aimé qui s’est abandonné à son roman et sa propre fiction de la vie. La deuxième partie du récit révèle aux deux protagonistes leur place dans un monde qu’ils rejettent. Mais rien n’est impossible à deux et ça l’est encore moins dans l’ivresse qui les rapproche un peu plus. Et au milieu de ce jeu de piste, le buddy-movie convoite également sa part, grâce au zèle charismatique de Félix (Benjamin Lavernhe), le ressort comique. Lui également hérite d’un parcours significatif, qu’on aurait placé sous le joug du personnage secondaire. Mais il faut croire qu’on y trouve un peu plus d’équilibre, tant que les derniers pétales glacés ne sont pas tombés.


Bien sûr que « Mon Inconnue » a un côté irrésistible et il faudra la placer dans le même panier que ses semblables afin de le voir étinceler autant qu’il le souhaiterait. Gélin aborde cette crise sentimentale dans la bonne humeur et ce n’est pas pour déplaire, même s’il laisse passer quelques clichés ne servant pas davantage son discours. En croyant en la puissance du duo, il n’y a pas lieu de douter du magnétisme qui s’installe à chaque échange de regards. D’un univers à un autre, le spectateur donne également tout ce qu’il faut pour les apprécier, car ce qui compte n’est pas le lieu ni le moment où l’amour prend forme. Au contraire, c’est dans cet entre-deux si étrange, envoûtant et hors du temps.

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le 10 déc. 2020

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