Une véritable pantalonnade, poussive et même prétentieuse dans sa tonalité d'ensemble ; elle figure néanmoins - et presque à juste titre - parmi les grands classiques de l'Histoire du Cinéma, parangon de la parodie d'un genre inauguré par Sergio Leone à l'aune des années 60 : le western spaghetti. Oeuvre charnière résolument importante Mon nom est Personne sort donc en 1973, à une époque où le réalisateur de la trilogie des dollars et de Il était une fois dans l'Ouest vient d'achever son ultime western : le très romanesque Il était une fois la Révolution, film-fleuve comparable à bien des égards au film sus-cité ; même penchant pour le mauvais goût et la trivialité des figures dépeintes, similitudes dans l'écriture des dialogues tour à tour espiègles et sentencieux, esthétique en forme de joyeux désordre établi...


A la fois producteur et auteur originel du projet Leone a toutefois délégué la réalisation dudit film à son assistant Tonino Valerii, allant même jusqu'à désavouer l'objet filmique à l'issue du tournage. D'emblée Mon nom est Personne arbore un ton singulièrement antipathique et surtout trop finaud pour s'avérer réellement attachant, et ce malgré la précieuse présence de l'incontournable Henry Fonda... faute à un Terence Hill proprement insupportable de nonchalance vulgaire et arrogante. L'acteur campe un Personne littéralement fanfaron, visiblement hissé au rang de modèle par Tonino Valerii, transformant paradoxalement ( et malheureusement ) le personnage de Beauregard incarné par Fonda en douloureux faire-valoir.


On sent les intentions de Valerii de livrer un apologue facétieux s'affranchissant de toute moralité esthétique ( le grotesque, souvent sublimé dans les chefs d'oeuvre de Leone, est ici constant ) jouant sur l'amitié virile et la quête existentielle du protagoniste ; on remarque par ailleurs un film plein de promesses tenues, assumant ses outrances tout du long ( héritage du slapstick voire du cartoon, sifflements morriconiens entêtants et horde sauvage amenée à coups de gros sabots...). Mais la manière dont le réalisateur dénature le genre laisse un sérieux sentiment d'agacement, trop petit malin sur les bords et bien moins maîtrisé que le plus mauvais des films de Sergio Leone. Surestimé à mon sens.

stebbins
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le 20 sept. 2020

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