A quel moment le western spaghetti est devenu ringard ? On peut dire que le genre s'est éteint en 1978, cependant il y a eu 2 phases : la partie serious business qui a commencé avec Duel au Texas jusqu'à On m'appelle Providence et la partie qui a commencé avec la saga des Trinita et s'est fini avec China 9, Liberty 37. Néanmoins, il y avait le film de la transition à savoir Mon Nom Est Personne. Ce film je pensais qu'il était de Sergio Leone. A tort. Mais dans son cas, c'était comme dire que l'étrange Noël de M Jack était un film de Burton. Il s'agit d'un western de mon enfance qui m'a toujours marqué. L'ayant revu récemment avec les yeux d'adultes, il est temps de critiquer le film de la passation de pouvoir.



Ce n'est pas Leone



Oui autant dire tout de suite, on n'a pas la mise en scène de Leone dans ce film, même si on remarque l'aspect crade et poussiéreux qu'on voyait dans les 4 films de Leone. D'ailleurs, c'est assez bizarre car on ne sait pas si le film a entièrement été réalisé par Tonino Valerii, ou co-réalisé par Sergio Leone. Ajouter à ça que les 2 hommes étaient en conflit sur pas mal de scènes, notamment des scènes cultes, et on voit que la production ne s'est pas faite tranquillement. Cela dit, le film n'a rien à envier avec la saga du Dollar ou Il était une fois dans l'Ouest. Même la musique d'Ennio Morricone, dirigée par Bruno Nicolai est très classe. Ce qui est étonnant est là où bien d'autres films se seraient cassés les dents avec le mélange comédie et western, ici cela passe plutôt bien dans un film pas trop parodique, référençant allègrement les western spaghetti de naguère et faisant une reprise très cool de la Chevauchée des Valkyries



Le crépuscule du héro



Dans ce film, on a Jack Beauregard joué par un Henry Fonda toujours aussi impressionnant qui est l'antithèse parfaite de son personnage de Franck dans Il était une Fois dans l'Ouest. Il joue ici un anti-héro qui se sait sur le déclin et qui veut raccrocher. Cependant, la mort de son frère Nevada King, Personne et Sullivan vont le remettre sur le devant de la scène afin qu'il puisse demeurer la légende qu'il était. Henry Fonda qui était un méchant plus que sadique est parfait en anti-héro misanthrope mais quand même attachant comme un vieux grand-père.


Cela dit, la vraie vedette du film est Personne joué par Terence Hill. On va passer le faite qu'il s'agit d'une référence à l'Odyssée bien que les personnages n'ont rien à voir. Déjà, ce film est important car il s'agit du film préféré de l'acteur. C'est même le film où il y a eu un véritable passage de flambeau entre 2 courants du western spaghetti. Le sérieux incarné par Jack Beauregard et le décalé avec Personne. De plus dans la carrière de l'acteur, c'est la première série A de Western, là où la saga des Trinita avec son complice Bud Spencer était plus de la série B. Et on voit qu'il joue son personnage de Trinita : à savoir un cow-boy qui parait naïf avec son sourire mais qui se révèle bien plus rusé et avec un bon cœur. Il a aussi un coté super-tireur dégainant bien plus vite que n'importe qui (comme Lucky Luke quoi. Pas étonnant, qu'il incarnera le personnage 20 ans plus tard). D'ailleurs, Personne est l'allégorie du fan mais contrairement à la vision actuelle très négative, limite toxique (n'est -ce pas Syndrome) ici, il a une vision enjouée qui fera tout pour que Jack Beauregard soit digne de lui. Mais, il a un coté pervers voulant que son idole entre dans l'histoire en affrontant la Horde Sauvage.


Les autres personnages sont techniquement inexistant. Le méchant Sullivan est très oubliable, la Horde Sauvage ne possède aucun personnages de vraiment identifiable et le film a 0 personnage féminin. Tout le casting est 100% masculin. Du coup, niveau film respectant le test de Bechdel on repassera (bon il y a quand même des figurantes).



Entrer dans l'histoire !



L'histoire du film est la dernière chasse de Jack Beauregard. Ce dernier las d'être le justicier, veut se venger de Sullivan. Cependant, Personne, un aventurier fan de Jack va tout employer à ce qu'il rentre dans l'histoire en le faisant affronter la Horde Sauvage. Parallèlement, on suit Personne se confronter à l'ouest en devenant digne du héro de son enfance. Cela donne pas mal de scènes comiques (la scène du bar , celle des toilettes, la scène d'intimidation, les duels finaux). Le scénario est assez correcte dans son écriture et donne une critique assez explicite du genre du western parodique véhiculé par Terrence Hill; Leone aurait détesté le genre à l'époque. Le film multiplie les références à plusieurs western dont la saga du Dollar (notamment le volet Et Pour Quelques Dollar De Plus), Il était une Fois dans l'Ouest, la Horde Sauvage. Ce qui est assez étonnant est que bien que Leone peut détester le genre, je ne trouve pas que le rapport entre les 2 cinémas véhiculés par ses personnages principaux cynique. Au contraire. Jack Beauregard possède quand même du respect Personne. On sent le devoir du personnage de canaliser l'aventurier et de lui montrer que l'ouest peut-être dur. Cependant, il est conscient qu'il s'agira d'un échec et il cède quand même en affrontant la Horde Sauvage. Du coup, il y a entre les 2 hommes une passation de pouvoir et il reste une dernière chose à faire. Mourir et laisser Personne écrire lui-même sa légende. Ce film est même le dernier western de Leone. On sent vraiment que Jack Beauregard est le scénariste lui même qui abandonne le genre et de laisser la place à une nouvelle génération (qui prendra la direction des Trinita). C'est aussi le dernier western d'Henry Fonda. Tout dans ce film sent la transmission. De même personnage de Personne, il garde quand même en tête les conseils de Jack, bien qu'il reste lui-même le cow-boy fan des débuts.



Mon Nom est Cosmic



Mon Nom est Personne fait parti de mes western préféré. Drôle, énergique, classe, avec bien moins de scènes iconiques mais quand même des scènes cultes. Depuis que j'ai vu ce film, j'applique les sages conseils de Jack Beauregard



Vérifie que le Barbier soit vraiment du métier


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le 10 oct. 2018

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Neo Cosmic

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