Pouvant presque être considéré comme mon premier film de Jacques Tati tant je ne garde pas le moindre souvenir de « Jour de fête » et des « Vacances de Monsieur Hulot » (manque auquel je remédierai), « Mon oncle » a à la fois vieilli et pas du tout. Vieilli au niveau de certains gags physiques fonctionnant moins bien, tandis que le discours pouvant apparaître conservateur n'est lui non plus d'actualité sur certains points. N'empêche que le cinéma de Tati, c'est un univers unique en son genre, cocasse, parfois irrésistible et nous offrant son lot de passages réjouissants, Tati acteur se révélant aussi inventif que Tati cinéaste.
De plus, si certains aspects passent donc plus difficilement aujourd'hui, certains paraissent au contraire extrêmement pertinents et toujours valables. Le réalisateur n'était pas à proprement parler « anti-modernité », mais plutôt méfiant vis-à-vis de l'inévitable superficialité qui entoure souvent les progrès techniques, et de ce point de vue, difficile de lui donner tort. Il est parfois à la limite de la mauvaise foi et peut-être même un peu à côté de la plaque, mais il faut avouer que cela donne à son œuvre un aspect à la fois piquant et innocent hautement recommandable, d'autant qu'il le fait sans jamais se séparer de sa naïveté légendaire et de son immense tendresse.
Car oui : il suffit de voir certaines scènes pour se convaincre de l'affection du réalisateur pour ceux qu'ils filment, et ce même s'il s'en est moqué pendant quasiment toute l'œuvre. Ajoutez à cela une musique magique, des décors brillamment exploités et une poignée de détails savoureux, et vous obtiendrez un classique du cinéma français, certes à replacer dans son contexte, mais qui n'en reste pas moins hautement recommandable.