Mon roi
6.9
Mon roi

Film de Maïwenn (2015)

La manipulation d'un roi sur ses sujets.

Depuis quelques années , l'amour passionnel et sans concession se fraie de nouveau une place au sein du cinéma actuel. Ce dernier cinéma est consacré de succès mais également de polémiques. Cet amour passionnel est parfois proche de la démence, de l'euphorie, de la l'aliénation.
On nous y montre ainsi la construction d'une relation brûlant tout ce qu'elle touche dans son élévation jusqu'à sa quintessence pour par la suite nous mener à la destruction de cette relation par le biais d'une violence rude qu'elle soit physique ou morale.
C'est ainsi que l'on aura vu naître des films tel que la Vie d'Adèle de Kechiche, L'inconnu du Lac, Love de Gaspar Noé, ou encore La Pianiste de Michael Haneke.


C'est aujourd'hui au tour de Maïwenn de nous livrer sa vision de l'amour destructeur avec Mon roi , film porté par Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel.
N'appréciant que très peu le travail de Maïwenn au cours de ses 2 précédents métrages ( Polisse et Le Bal Des Actrices ) , l'annonce de la sortie de Mon Roi m'a donné quelques craintes quant à la direction qui allait être prise pour ce film.


Maïwenn prend alors le choix de tourner le film autour d'un relation abyssale, constitué d'une femme ( Emmanuell Bercot )étant totalement éperdue d'un homme ( Vincent Cassel )qui se révèle être un pervers narcissique où comme il le dit : " Le roi des connards "
Les pervers narcissiques ont alors recours à un mécanisme de manipulation mental souvent dramatique pour les victimes. ( harcèlement morale, insultes, maltraitances, humiliation ... )


Le titre du film est en cela merveilleusement trouvé. La roi étant une personne disposant de droits sacrés, parfois même divins. Il mène du bout des doigts ses sujets, il orchestre son entourage et ceux lui ayant fait signe d'allégeance.


Maïwenn parvient alors ici à nous glisser au sein du personnage joué par Emmanuelle Bercot et va alors jouer avec nos propres sentiments. C'est en cela que le film est une réussite. Ainsi à chaque retour du personnage de Vincent Cassel, même après une crise insurmontable, le spectateur tout comme le personnage incarné par Emmanuelle Bercot est sujet à vouloir pardonner et ainsi croire à un possible nouvel envol au sein du couple.


La réalisatrice met alors cette histoire en scène d'une main de maître. Tout comme Love de Gaspar Noé sorti plus tôt dans l'année, le récit est raconté de manière non chronologique , sous forme de souvenirs.
C'est grâce à l'usage de ce procédé narratif que Maïwenn effectue sur le spectateur un véritable yoyo émotionnel relativement déconcertant.


Le parallèle entre la scène de démarrage où cette femme se retrouve en clinique avec un genoux tout simplement inutilisable et ses premiers souvenirs ne sont pas anodins. Au fur et à mesure du film et de l'état de sa guérison, cette dernière prend du recul sur son histoire afin de pouvoir s'élever au dessus de cette relation l'ayant anéantie.


Le duo d'acteurs ( Cassel , Bercot ) joue ici à merveille tant bien que Emmanuelle Bercot sera récompensée du prix d'interprétation féminine au festival de Cannes.
La relation ici mise en avant est passionnante , on ne veut pas en rater une miette et on en redemande.


La Bande-son est également incroyablement bien sélectionnée avec ce thème musical venant de Son Lux étant présent au sein de la bande annonce mais également au cours du métrage lors de la rencontre des deux personnages.


Maïwenn réalise alors ici son meilleur film et de loin. Elle s'approprie une thématique complexe et d'actualité. Un sujet dont personne n'ose parler mais étant bel et bien réel. Cette relation amoureuse en cage est tout simplement un coup de génie et pour cela et pour la première fois : Merci Maïwenn.

Shauni_Tarantino
7

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Créée

le 29 oct. 2015

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