Une histoire simple : un couple et le doux engrenage entre deux personnes qui passent de la passion amoureuse à l'histoire mortifère.
Tout le long, il règne un côté intimiste avec beaucoup de plans rapprochés, nous maintenant dans cette relation refermée sur elle même, étouffante, au point où l'enfant ne fait que traverser ce temps suspendu entre deux personnes souffrantes et incomplètes. J'ai apprécié l'absence d'échelle temporelle trop marquée (s'écoule-t-il des mois, des années entre les divers moments?) qui aurait été anecdotique et qui rend mieux compte de l'espèce de brouillage de limites et pertes de repères que génère cette relation malsaine.
Le jeu des acteurs est très juste et le réalisme des dialogues saisissant, au point de m'avoir noué les entrailles à la découverte du film.
Cependant j'ai regretté l'exposition de cette femme tant au côté propre avec ces plans sur sa chaire qu'au sens figuré avec ses explosions hystériques qui lui permettent de mettre en mots ses blessures alors que cet homme reste verrouillé et enfermé sur lui même, en retenue.
Je me suis rendue compte que toutes mes critiques négatives sont engendrées, au final, par l'efficacité de l'histoire et sa forme narrative : en tant que spectatrice impuissante et plongée au coeur de leur dynamique, je souhaitais encore et encore la fin du supplice et l'espoir d'un ailleurs meilleurs, qui est le moteur même dans une relation malsaine. Même au bout de deux semaines l'histoire reste vive et continue à soulever des questions autour des relations malsaines : comment et pourquoi peut-on croire à l'épaisseur des illusions (à la hauteur de l'espoir et des rêves nourri dans le couple?), jusqu'où peut réellement aller la capacité à s'effacer et se perdre dans l'autre? A partir de quand commence-t-on à perdre pied? Peut-on arriver à se dissoudre au point de ne pas pouvoir reprendre possession de soit?
Bref un parfait cauchemar.