Miyasaki a ce talent si particulier d'évoquer l'enfance, l'insouciance et la légèreté sans jamais tomber dans la mièvrerie. Il le prouve à nouveau dans l'un de ses meilleurs films, Mon voisin Totoro, sorti en 1988 au Japon et en 1992 dans nos contrées françaises.
Cette histoire d'une petite famille s'installant à la campagne et y faisant la connaissance de charmants voisins et de facétieux esprits peut sembler peu accessible. Il est par exemple étonnant, à première vue, de voir les voisins de nos héros si peu surpris de la présence d'esprits sur leurs terres. Le spectateur occidental devra faire un effort pour entrer dans l'œuvre qui nous est proposée, et il est compréhensible qu'il s'y refuse (surtout s'il a un vieux fond chrétien et/ou rationaliste qui lui fera paraître suspect ce folklore shintoïste assumé). Mais s'il accepte, il sera largement récompensé.
Mon voisin Totoro n'est en effet qu'un concentré d'enfance, de poésie et de magie distillé en moins d'une heure et demie, avec ses adorables héroïnes, son charmant bestiaire et ses aimables personnages. Le scénario, très simple, n'est qu'un prétexte pour nous faire découvrir un univers enchanté et surtout, pour nous faire goûter à un peu de vie pure, rehaussée d'un brin de merveilleux.
Le véritable miracle du film, cependant, est de s'adresser à un public enfantin autant qu'adulte. Ces derniers n'apprécieront pas tant les quelques thématiques "sérieuses" du film (la maladie de la mère par exemple), thématiques d'ailleurs compréhensibles pour un enfant, que cette bouffée d'oxygène artistique d'une simplicité sans mièvrerie, d'un enchantement sans mélange.
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