Un jeune juif abandonné, un Musulman qui le trouve, un road movie Européen improbable, voir surréali

Ce film ne prévient pas: son titre est poétique. Pas "tape à l'oeil".
Lorsqu'on le regarde comme moi par "hasard", on se laisse embarquer par la qualité de l'image et son rythme saccadé: lent, mais brusque. Un enfant juif abandonné par ses parents dès les 10 premières minutes !!! Bizarre, exceptionnel, creusons un peu et voyons ce qu'il veut nous dire.


Puis viennent des "perles" philosophiques qui peuvent servir à tous. Distinguer entre des civilisations qui génèrent des détritus et celles qui gèrent leurs poubelles et le rapport entre un quartier pauvre et un quartier qui a des services de ramassage à une portée plus que philosophique: métaphysique...


Distinguer l'odeur dans les églises chrétiennes et celles dans les mosquées: dans les premières ça sent la bougie et dans les deuxième ça sent les pieds. Et se servir du caractère plus "humain" de ces odeurs corporelles pour suggérer le paradoxe que les mosquées sont plus humaines, plus populaires que les églises est habile. Partager l'odeur d'encens des synagogues permet d'aimer ces lieux, sans les avoir connus.
L'encens est sacré dans les pays d'Amérique latine où les peuples premiers le récolte des arbres.
Ce film soit disant "islamiste" par son titre, encense la religion juive, ce qui le rend "conforme", humblement, à l'exploitation culturelle de la spiritualité.
Mais ce n'est qu'un aspect du film, le sujet est ailleurs: achetez vous une vieille voiture, vendez vos biens et voyagez jusqu'en Afrique. Ca contrairement à ce que nous vendent les agences de presse aux mains des financiers de la traite négrière l'Afrique ne hait personne. Elle a besoin de voyageurs profanes, qui s'initient, témoignent, transmettent leur conscience de ce qu'ils sont.
Le film fait rentrer le profane dans des lieux où le mystère humain est exploré (comme les derviches tournants). Il pose des questions que les médias n'osent pas aborder parce que ça ne vends pas et parce qu'ils craignent une controverse qui ferait perdre de la crédibilité à un occident qui prétend répondre à toutes les questions.
Un peu comme une personne qui fait passer pour de la timidité, ce qui est de la retenue, le film contourne les problèmes et propose des solutions simples.


Le sujet est plus grave qu'il n'est jamais abordé: dans notre monde, les religions juives, chrétiennes, musulmanes servent de faux nez pour ceux qui les financent et qui s'en servent pour faire la guerre.
Dans celui de ce film, les religions appartiennent aux gens et ce qu'ils en font est à leur image.


Pour faire un film qui n'excite pas trop les fanatiques, il fallait sans avoir l'air d'y toucher, tourner autour de la spiritualité. C'est ce que ce film fait. Il nous laisse quelques enseignements qui pourront nous servir toute notre vie pour gérer nos poubelles, pour respecter et transmettre notre amour de la vie sans l'arrogance qu'on souvent les "vainqueurs".


Avec un titre pareil, les "vainqueurs" passeront leur chemin et justement. Ce film ne s'adresse pas à eux. Tout ces défenseurs de l'islam, de la torah et de la bible... Et j'ai lu avec délectation des critiques méchantes de ceux qui n'arrivent pas à aimer un film qui n'est pas fait pour ces "gagnants".
Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran est l'oeuvre d'un homme aujourd'hui disparu, qui a su marquer son temps sans publicité en vendant "Paris" et la Turquie, l'amour des vieilles voitures, le témoignage d'une vie qui évite les abimes dans laquelle nous pousse la société de consommation. Pas étonnant qu'il ait d'abord été un livre, puis un film...
Merci à ses acteurs qui j'espère continuerons à incarner cette approche du cinéma.
Je range ce film avec ces "perles" qui d'un coup nous ouvrent des fenêtres à l'âme, hors des films commerciaux au service de leur financiers. Ce film à sa place à coté de mes coups de coeurs que je veux signaler à tout ceux que j'ai aimé ou qui m'ont aimé et aux autre qui ne le savent pas encore mais qui pourraient ou auraient pu m'aimer.
Avec le recul, j'ai le même genre de sensation pour ce film que pour le film français "Diva" de Beinex.
Ou pour "I was on Mars", un film encore plus petit, sans moyen et qui tire le meilleur d'un témoignage de vie...

MARSU971
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le 23 août 2019

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MARSU971

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