Monsieur Klein est un grand film Kafkaïen français réalisé par Joseph Losey, écrit par Franco Solinas (Salvatore Giuliano de Francesco Rosi, El Chuncho de Damiano Damiani, La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo, État de siège de Costa-Gavras et L'Assassinat de Trotsky de Joseph Losey) produit par Alain Delon... Lequel joue l'alsacien Robert Klein un homme d'affaire sans état d’âme qui profite de la misère en rachetant à vil prix des objets d'art à des juifs en difficulté (Nous sommes en 1942)... Jusqu'au jour ou il reçoit un journal appartenant a un certain Robert Klein, un homonyme, abonné au journal... un double qui est non seulement juif, mais aussi résistant, et qu'il joue de son homonymie pour mener des activités clandestines... fiché comme tel à la préfecture de police... Pris en un piège kafkaïen et cherchant à se blanchir... le Klein-affairiste va malencontreusement dénoncé (par l’intermédiaire de son avocat), le Klein-juif et résistant qui sera arrêté... lors de la rafle du Vel d'Hiv du 16 juillet 1942 (Très bien et sobrement (contrairement a La Rafle de Roselyne Bosch) montrè dans le film par ailleurs) ainsi que son double par ailleur... Je vous avez prévenu c'est du Kafka.
Sur un superbe casting ou on trouve Jeanne Moreau qui joue l’intriguant Florence l'amie du Klein Juif... Juliet Berto qui joue Jeanine la petite amie du Klein Affairiste... Jean Bouise qui joue le vendeur du tableau Juif qui se retrouvera dans le même Wagon que le Klein Affairiste... Suzanne Flon qui joue la concierge du Klein Juif... Michael Lonsdale qui joue Pierre l'avocat du Klein Affairiste... Michel Aumont qui joue le fonctionnaire de la préfecture... Roland Bertin qui joue représentant de l'association juive... Massimo Girotti qui joue Charles un ami de Klein... Louis Seigner qui joue le père du Klein Affairiste... Pierre Vernier et Étienne Chicot qui jouent les policier Francais a la recherche de Klein... Joseph Losey, sans réaliser uniquement une reconstitution de la vie et du statut des juifs sous l'Occupation, intègre des éléments historiques dans une démarche artistique, voire métaphysique. Certains critiques, lors de la sortie, manifestèrent une grande incompréhension de cette démarche. En effet, la parenté du film avec les œuvres de Franz Kafka a souvent été relevée, notamment le lien avec la nouvelle La Métamorphose, récit de la transformation brutale et subite d'un homme en cloporte ; avec Le Château qui décrit une quête identitaire passant par la connaissance de l'autre ; ou avec Le Procès dans lequel un individu est mis en accusation, et finalement à mort, sans que personne, surtout pas lui, n'ait pas même entrevu la nature des reproches dont on l'accable. Mais dans Monsieur Klein, la question de l'identité est encore plus centrale. Qui suis-je ? Moi-même ou un autre ? "Je" a-t-il un sens ou suis-"je" quelque chose de différent à tout instant et selon les circonstances ? Cette question constitue aussi le thème de plusieurs films de grande qualité, comme Le Général della Rovere, de Rossellini (1959). Dans ce film, la problématique est toutefois inversée : c'est l'escroc minable qui meurt en héros (Le Général) pour ne pas abdiquer l'identité du personnage infiniment supérieur dans laquelle les circonstances l'ont amené à se couler. Par certains côtés, le rôle de Klein est toutefois plus tragique : c'est l'homme riche et sans histoires qui endosse le costume et le "moi" de la victime pour des raisons qui ne sont pas clairement énoncées. A chacun de se faire son opinion.
La première scène, qui dévoile une femme mûre, totalement nue, examinée comme du bétail et cataloguée comme juive par un médecin, vient en miroir à l'indifférence de Klein, riche négociant pour qui œuvres d'art et congénères ne semblent être que marchandises. Klein n'est pas juif : mais en enquêtant méthodiquement sur son homonyme, il part à la poursuite de sa propre identité. Il découvre peu à peu la vie de gens dont il ignorait tout ; au point de se retrouver à son tour soupçonné, marginalisé.... Quant la dernière scène - qui voit Klein renoncer à son laissez-passer pour suivre le mouvement de la foule montant dans les wagons - est sujette à différentes interprétations : volonté de partager le sort des juifs auxquels il s'identifie désormais, ou perdition d'un homme égoïste et indifférent. Alors que le convoi s'ébranle, Klein se retrouve aux côtés du juif qui lui avait cédé le tableau néerlandais. Le film s'achève sur l'écho peu glorieux de conversations avec ce même homme auquel il avait soutiré la toile pour moitié de sa valeur .... A noter par ailleurs, que Joseph Losey apparaît dans une des dernières scènes du film, dans la foule des juifs déportés du Vel' d'Hiv, un monsieur âgé à ses côtés.... et une erreur historique... la rafle du Vélodrome d'Hiver s'est déroulée sous la canicule des 16 et 17 juillet 1942, et non, en hiver comme il est montrè dans le film... très Kafkaïen qui est presque un chef d'oeuvre..

Eric31
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le 28 août 2016

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Eric31

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