Monsieur Link
6.6
Monsieur Link

Long-métrage d'animation de Chris Butler (2019)

L’œuvre qui renouait avec les films d’aventure d’antan

A vous qui avez soif d’aventure, à vous qui aimez rire et frémir, à vous qui raffolez ou fuyiez les œuvres en Stop Motion, les studios Laika vous offrent une nouvelle œuvre où petits aimeront son héros amusant et adultes trouverons que ce « Monsieur Link » sent bon le vieux film d’aventure. Nouveau bijou du studio ? L’aventure vous attend, partez aux cotés d’un Bigfoot sur les traces de sa famille.


Entre une œuvre de Jules Vernes et Indiana Jones


Je suis définitivement fan des studios Laika. Tant d’années de travail fait main pour un résultat si vivant, si soigné et si beau. A une époque où ce qu'il reste des films pour enfants n'est plus que films en 3D, les films en Stop Motion se font de plus en plus rares. Alors que les studios Britanniques « Aardman » auxquels on associe les célèbres aventures de Wallace et Gromit, n’ont plus rien à prouver quant à la qualité de leurs longs et courts métrages, les studios Laika, tous jeunes, continuent de se faire une des plus belles réputations. Coraline, L’étrange pouvoir de Norman, Les Boxtrolls, Kubo et l’armure magique, quatre œuvres et QUELLES ŒUVRES !


Quatre films, deux chefs d’œuvres parmi eux. Trois ans plus tard, les studios Laika reviennent et même si l’on sait que leur nouveau film n’aura hélas pas le succès qu’il mérite à cause des géants « Disney », « DreamWorks » et « Illumination Entertainment », une chose est sûre, il bousculera tout le train-train quotidien des animés d’aujourd’hui.


De toutes les œuvres des studios Laika, Monsieur Link en est la plus joyeuse. Laika nous ont toujours habitué à suivre les péripéties d’un enfant en pleine quête identitaire, confronté à un monde adulte plutôt sombre abordant la mort, le deuil, donnant la sensation à certains cinéphiles d‘évoluer dans une œuvre de Tim Burton. Dans Monsieur Link, les studios bousculent leur petite routine. Les propos de Monsieur Link resteront liés au monde moderne tout en nous embarquant dans une ambiance légère, fun et colorée. L’intrigue, elle se situera dans l'Angleterre du XIXème siècle.


Deux héros, l'un cherchant sa famille ou tout du moins quelqu'un qui lui ressemble et lui permette de ne plus rester prisonnier de la solitude, l'autre à être reconnu et faire parti d'une société qui au final, le rejette. Monsieur « Link », de son nom d’emprunt, n’est pas un Bigfoot comme celui du film « Bigfoot et les Henderson ». Parce qu’il a passé le plus clair de son temps à observer les humains, il a gagné en intelligence, apprenant tout seul à lire, à écrire et à parler. Monsieur Link, c’est un grand bavard, un peu anxieux, distingué dans sa manière de parler, maladroit et surtout assez premier degré, prenant tout ce qu’on lui dit au pied de la lettre. De quoi amener quelques situations délirantes.



Je sais qu'un beau jour, on se souviendra de mes actes, et on
connaitra mon nom.



A coté de ça, règne dans Monsieur Link une ambiance pour le moins étonnante. Le point fort des Studios Laika : bousculer les aprioris sur les œuvres en Stop Motion. Stop Motion ne veut pas dire « films exclusivement réservé aux petites têtes blondes ». « Coraline » en ait la preuve vivante. Bien que Monsieur Link soit un peu plus à la portée des enfants grâce à son personnage sympathique et adorable, il n’en reste pas moins subtil et adulte en terme de dialogues et gags. Heureusement que Monsieur Link est un être doté d’une maladresse légendaire, sans quoi les enfants seraient largué une bonne partie du film. Pas de violence ou tout du moins, une violence tout public, cette œuvre où les péripéties s'enchainent, rend un vibrant hommage aux vieux films d'aventures.


Sans jamais perdre son identité, Monsieur Link donne l’agréable sensation aux adultes de retomber à l’époque où ils découvraient pour la première fois les célèbres grands films du cinéma Hollywoodien. Nous nous amuserons à passer naturellement entre divers genres : du Western avec des batailles viriles dans les saloons, de la romance latino, de l'exploration, du déguisement et des rencontres à la Indiana Jones, le tout sans jamais garder à l’esprit que le public sera majoritairement constitué d’enfants. Un film en Stop Motion aussi beau qu'un film Live? Il faut le voir pour le croire.


Les studios Laika ont une nouvelle fois évolué dans leur technique. Les jeux de caméra rendent les scènes épiques, les décors et costumes colorés sont d’une richesse folle, la galerie de personnages sonne typiquement dans le genre "aventure", le tout arrivant à se marier avec des êtres en résine plus vrais que nature et charmants. De l'émotion, de l'amour, de l'humour, de l'amitié, des thèmes poussant à la réflexion, de l'action, de la découverte, des personnages attachants, un bad guy riche laissant ses hommes faire sa salle besogne avant de la jouer solo en fin de course, pas de doutes, tous les codes du film d'aventure sont là MAIS sous un format différent de d'habitude.



Il y a plusieurs années, il y a eu cet explorateur qui est venu vivre
dans les bois. Il était venu tenter sa chance dans les rivières de la
montagne. Un jour il c’est approché de ma caverne pendant que je
ramassais des baies et soudain il m’a vu et il est resté figé. Lorsque
moi je l’ai regardé, il n’a pas hurlé, il ne sait pas enfui en courant
comme la plupart des gens font. Non, il a juste…il a juste…souri. Et
ce sourire voulait tout dire pour moi.



Au final, incontestablement classique, j’ai néanmoins passé le plus agréable des moments en plongeant dans « Monsieur Link ». De la bonne humeur communicative, des dialogues et gags vraiment drôles, de l’aventure, des scènes d’action stylées, un doublage français d’une justesse et d’une qualité indiscutable, des musiques accentuant le coté aventureux de l’histoire, une ode à l’aventure, tout simplement. Quand vous voyez juste cette seule scène de course poursuite dans un navire changeant la gravité à l’intérieur à cause d'une violente tempête, vous vous dites que le voyage, il vaut sacrément le détour. Pour rien au monde il faudrait rater ça et ce, même si vous pouvez être allergique à la Stop motion.

Jay77
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 23 avr. 2019

Critique lue 464 fois

3 j'aime

Jay77

Écrit par

Critique lue 464 fois

3

D'autres avis sur Monsieur Link

Monsieur Link
Maxime_T__Freslon
8

Le (demi)-tour du monde en 1 heure et demi.

S’il y a bien un type de production animée qui se fait bien plus rares de nos jours sur le grand écran, surtout en comparaison des films d’animation en 3D de la part des studios américains, ce sont...

le 8 avr. 2019

12 j'aime

6

Monsieur Link
lhomme-grenouille
3

L'aventure à vide

Ah… Ah bah… Ah bah c’est juste triste quoi ! Quand on pense à la performance humaine que représente le fait de réaliser tout un film en stop-motion, c’est vraiment désolant de constater à quel point...

le 21 avr. 2019

10 j'aime

1

Monsieur Link
DanielOceanAndCo
5

Critique de Monsieur Link par DanielOceanAndCo

Grand admirateur du studio Laika depuis ses débuts, en particulier de L'étrange pouvoir de Norman, Les Boxtrolls et surtout Kubo, je m'attendais à voir un nouveau chef d'oeuvre avec Monsieur Link,...

le 5 déc. 2021

5 j'aime

3

Du même critique

Spider-Man: Far From Home
Jay77
4

Spiderman s’exporte en Europe

Même les super héros ont droit de prendre des vacances. Surtout après avoir vécu la pire des épreuves en affrontant Thanos. Suite direct d’Avengers Endgame, Spider-man Far From Home confronte son...

le 3 juil. 2019

15 j'aime

19

Aladdin
Jay77
7

Le prince Ali Ababwa fait peau neuve

Le diamant d'innocence, solitaire, acrobate, amateur de pommes, accompagné de son singe espiègle et le génie de la lampe, fait un retour évènement sur grand écran. Après avoir conquis le cœur des...

le 22 mai 2019

14 j'aime

5

Bird Box
Jay77
8

Fermez les yeux…enfin sauf pour regarder ce film

Le chat noir collant aux basques de Sandra Bullock dans Gravity, ne l'a finalement pas quitté. Cinq ans après en avoir bavé dans l'espace, Netflix plonge Sandra Bullock en plein cœur d'un survival...

le 27 déc. 2018

14 j'aime