Nicholson a cru jouer une comédie en faisant Monsieur Schmidt. Pas si étrange : son personnage consiste à tourner le deuil et l'égoïsme en ridicule, comme il sait si bien le faire avec son air de se ficher de tout. Mais au-delà de cette tâche confiée à son rôle, le deuil et l'égoïsme sont bien là, noirs et profonds, certes différents selon le point de vue mais dramatiques pour nous.
Il est vrai cependant que le film est constamment positif, sorte un bain introspectif écrit avec un brin tolérable d'opportunisme. "Qu'est-ce qui marcherait le mieux ?" est la question qui semble motiver chacun de ses arcs narratifs, des embranchements fertiles et innombrables qui vont de l'ambiance au simple fil rouge et qui devraient nous sembler discordants, sélectifs et déplacés. Pourtant, force est peu à peu de constater qu'ils ont leur raison d'être et qu'on a besoin de ces moments, à première vue dispensables, pour prendre des pauses. En effet, les thèmes abordés sont plus nombreux qu'on peut le croire et amènent à plusieurs conclusions successives.
L'humour du film peut paraître évident à Nicholson ou au spectateur distrait, mais il est loin d'en être un pilier : il est ce qui nous permet de tenir le coup face à une narration riche et dramatique. Il joue peut-être un homme simple, mais comique ? Pas si simple. On regrettera juste un traitement un peu repoussant qui aurait pu facilement être dépoussiéré.
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