Comme quoi ça aide d'être le fils de David Bowie ; en effet, Duncan Jones bénéficie là d'un budget bien sympathique pour un premier long métrage qui se veut intimiste. C'est peut-être d'ailleurs là le problème du film ; le réalisateur a du fric à ne savoir qu'en faire, résultat, le petit film indépendant à des allures de grosse prod hollywoodienne.

Le scénario n'est pas foncièrement mauvais mais il faut bien admettre qu'on tourne vite en rond, surtout que tout est hautement prévisible. L'histoire aurait dû reposer sur une réflexion philosophique au travers de personnages creusés, mais là aussi le bât blesse : les personnages sont trop superficiels et leur différence dûe à l'évolution de Sam J+3ans n'est pas assez éloquente. Il reste Gerty qui aurait pu amener un point de vue intéressant, hélas, il est trop vite mis de côté et les problèmes qu'il aurait pu poser sont également écartés. Car finalement c'est de ça dont souffre le film : un manque de conflits ! Il ne se passe pas grand chose dans ce film de SF, et comme le propos est compris dès la moitié du film... ben il ne reste plus qu'à s'ennuyer !

VIsuellement, Duncan en fait trop alors que clairement il ne maîtrise pas encore la technique. La preuve en est qu'il accumule les fondus enchaînés comme s'il ne savait faire autrement une transition entre deux scènes. Son trop gros budget lui donne envie de faire sortir son personnage trop souvent et de montrer trop facilement ce qu'un jeune réalisateur moins gâté par la vie aurait été forcé d'éviter. Ainsi donc tous les plans en extérieur sont grotesque par rapport à l'ambition initiale du film, et puis surtout, de ces effets, Duncan ne sait quoi en faire, aveuglant alors son spectateur avec un flare Spielbergien trop présent et des effets de flous qui donnent envie de se planter la télécommande dans l'oeil. Le meilleur exemple de ce budget gaché est montré dès les 5 premières minutes avec un générique en 3D suivant des perspectives plus gênant que jamais.

Heureusement il reste Sam Rockwell, mais là aussi j'aurais préféré une mise en scène plus modestepour pouvoir mieux profiter de son jeu. Je pense à toutes ces scènes d'interaction faites pour couper le souffle par le réalisme (Sam qui touche Sam!) au détriment d'un jeu plus réel. Sans doute les bons vieux trucs et astuces auraient-il suffit pour maintenir l'illusion.

Bref, un film pas si con que ça et qui se laisse regarder mais qui ne rentre jamais à fond dans son sujet à cause d'un budget aisé poussant le réalisateur à faire un peu n'importe quoi... Il est amusant de constater que ce problème de sujet pas assez approfondi se répète au travers de Source Code, preuve en est que Duncan n'aura pas pu apprendre autant sur ce film-ci que s'il avait dû faire un vrai premier film avec un petit budget! Comme quoi, tôt ou tard, les fils à papa paient pour leur chance d'être le fils de...
Fatpooper
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le 24 févr. 2013

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