Billet aller pour la Lune…
C'est l'histoire du Chat de Schrödinger… Il y a un gars, tout seul, enfermé dans une base spatiale, hermétique, posée sur la Lune. Personne ne sait ce qu'il advient de lui. Est-il mort ou vivant ? Que nenni ! Là, on répond à l'interprétation de Copenhague en -
SPOILER ALERT !
SPOILER ALERT !
SPOILER ALERT !
- dédoublant le gus (l'un il vit et l'autre, il est presque mort - sa DLC ne dépasse pas les 3 ans). Eh oui, le mystère se dissout ! Tout n'est que succession de clone (succession de probabilité où il faut chercher le chat)… Ah ah ! Ce qui démarrait comme une démonstration de résistance face à la solitude (type "Seul au Monde" couplé à "2001" et "Solaris"), se révèle en fait être la prise de conscience d'un - ou deux en fait - être fait de chair et d'os, mais recréé à partir des souvenirs et de la tronche d'un mec qui ne s'intéresse probablement guère à leurs sorts.
On se retrouve là avec la grande question… qu'est-ce qui fait de moi un Homme ? Les deux clones comprennent, au fur et à mesure de l'intrigue, que leurs souvenirs sont baignés dans le formol et qu'ils ne bougeront pas d'un iota. Pendant que, de l'autre côté, sur la planète bleue, ces fameux souvenirs sont incarnés et se meuvent hors de leur contrat de travail de 3 ans - ils n'ont le droit d'en voir qu'un enregistrement en boucle qui reprend à chaque nouveau clone. Ben merde, je me suis réveillé il y a une semaine et quinze années ont déjà passé ! Sombre clone, que vas-tu faire ? Je ne vais pas tout raconter. Disons que le sage, ancien fou, sait et l'intrépide, jeune révolté, veut… Le sacrifice pour la liberté.
C'est bien beau tout cela, mais un peu risqué tout de même de se lancer dans un sujet maintes fois rabâché. Qu'est-ce qui rend "Moon" plus intéressant que d'autres films qui se sont cassés la pellicule sur le sujet clone et autres ersatz d'humains ? Eh bien, le traitement de l'intrigue tout simplement… Pas de grande révélation à coup de tocsin retentissant. Non, juste la découverte légitime de sa condition, couplée à l'empathie du spectateur… et du robot. Car oui, il y a Hal… euh je veux dire Gerty… qui s'attache - à la mesure de ses circuits électroniques évidemment - à tous ces clones qui se succèdent, qu'il aide de ses plus fervents smileys et d'une voix "kevinspaceyque" qui nous met en déroute… Franchement, vu le choix de l'acteur pour la voix off et le côté flippant de la machine à smiley, on s'attendait à un coup fourré… Eh ben non ! Une claque supplémentaire pour le spectateur. En plus de développer une situation de manière inattendue, de traiter le huis-clos avec suffisamment de suspens et d'utiliser les tunes de la régie pour fabriquer des décors qui en jettent, le scénariste clôt le bec du cinéphage à qui on la fait pas, et nous sort des éléments "made by men" pleins de compassion. Alors, autant le dire, si on a été créé par une entité supérieure, pourquoi est-on aussi con ? Car, dans Moon, nos créatures, elles valent la peine d'être aimées et d'exister, bien plus que ceux qui les ont faites.
FIN DE SPOILER
FIN DE SPOILER
FIN DE SPOILER
Ce film, finalement, c'est un doigt d'honneur au(x) créateur(s). Il suffit de s'en émanciper et de vaquer à ce qu'il nous plaît, en faisant tout de même preuve de bienveillance et de sens du sacrifice pour le bien-être commun…
Évidemment, les défauts sont là, le budget en est sûrement l'une des grandes causes… Cependant, l'intrigue, le développement des situations dramatiques et le jeu exceptionnel de Sam Rockwell, acteur dont on exploite trop peu les qualités de l'autre côté de la Terre, donnent à l'ensemble un bon film de SF à apprécier comme son cousin "Sunshine" qui se dore la pilule ; "Moon", lui, brosse son argenterie et fait sortir le chat de sa boîte…