Pourtant précédé d'une réputation flatteuse, Moon n'est toujours pas sorti en France à l'heure où j'écris ces lignes et c'est bien dommage !

Duncan Jones (fils de David Bowie pour ceux qui ne savent pas) tire le meilleur parti de son budget de cinq millions de dollars dans la mesure où si Moon est effectivement un film minimaliste, cela ne l'empêche pas de proposer une direction artistique en béton avec un soin particulier apporté aux décors qu'ils soient intérieurs (la station Sélène) ou extérieurs (les paysages lunaires sublimes) et aux effets spéciaux réalisés en partie avec des maquettes (on y voit que du feu).
De plus, la mise en scène posée de Jones exploite parfaitement ces décors, faisant oublier leur manque de variété et contribue à installer une atmosphère hypnotique qui confine quasiment au rêve éveillé notamment à cause de la musique envoûtante de Clint Mansell qui n'est pas sans rappeler celle de Cliff Martinez pour Solaris, un métrage avec lequel Moon partage de nombreux points communs.

En effet, comme ce dernier Moon est un huit clos où le personnage principal est (presque) seul : c'est là une des grandes forces de Moon qui repose en grande partie sur les épaules de son acteur principal, le génial Sam Rockwell. Après Confession Of A Dangerous Mind, La Ligne Verte ou Choke, Rockwell prouve une nouvelle fois l'étendue de son registre et confirme qu'il serait une superstar si un physique quelconque ne l'avait pas éloigné des rôles de jeunes premiers destinés à Di Caprio et autres Brad Pitt à qui il n'a rien à envier en termes de talent.
Au final, la solitude du héros et son impact psychologique semble être le noyau de l'intrigue mais c'était sans compter avec un rebondissement astucieux qui amène le récit dans une autre direction. Je ne direz rien mais sachez que Moon est un film qui place l'homme et sa psyché au centre de nombreuses interrogations philosophiques qui rappellent certains classiques de la SF que je me garderais bien de citer pour ne pas vous mettre sur la voie... En outre, le film de Jones distille un message anti-capitaliste d'actualité qui n'est pas sans rappeler un des enjeux de la quadrilogie Alien.

A l'arrivée Moon est un excellent premier film dont on pardonnera aisément les menus défauts (manque de rythme, une fin prévisible, etc...) pour louer les immenses qualités formelles et le talent de son interprète principal.
Une nouvelle référence dans le genre de la SF et la naissance d'un cinéaste à suivre.
Diego290288
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le 27 mars 2011

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