Moon par QuatreFromages

Une œuvre accouchée dans la contrainte est souvent une œuvre travaillée. Je ne sais pas si j'ai raison, mais en tout cas, "Moon, la face cachée" ne me donne pas tort.

Formellement, c'est archi-simple. Sans doute par faute de moyens, mais ça ne gâche rien. Au contraire. La simplicité des décors et de la mise en scène semble totalement assumée. Dans une ambiance froide et minimaliste, la lenteur du rythme laisse beaucoup de place à une intrigue prenante, livrée sans emphase mais avec beaucoup de force, grâce à un Sam Rockwell bipolaire et à un Kevin Spacey parfaitement mécanique, très juste dans son rôle virtuel.
Finalement, on est moins au cinéma qu'au théâtre. Mais un théâtre que la caméra rend intime et immersif. Les enjeux éthiques de la trame nous touchent d'autant plus qu'on a pris le temps, pendant la longue introduction du film, de faire monter l'impression de huit-clos et de nous y plonger.
On se prend alors à scruter les réactions improbables de notre personnage. Et c'est ici que se trouve tout le plaisir : pas tant du côté du scénario, finalement assez maigre, encore moins du côté visuel, archi-pauvre, mais bien dans le développement psychologique des personnages. L'homme pris au piège comme une souris de laboratoire devient l'objet de nos curiosités. Et au climax de l'histoire, on réalise avec surprise que nous avons nous-même pris la place de la souris et que nous sommes en plein désarroi, en train de se demander "comment faire pour se sortir de là"...
Après une telle immersion, la résolution ne pourra que nous laisser ruminer des jours durant...