Moonlight aborde les sujets de la famille, de la sexualité, de la désillusion et de la quête d’identité. Ce film retrace la vie de Chiron de l'enfance à l'âge adulte. Ce triptyque, explicitement chapitré (Little, Chiron, Black) nous donne à voir son enfance, son adolescence et sa renaissance à l'âge adulte.
Pour l’enfance : Chiron est élevé par une mère célibataire accro au crack dans une banlieue pauvre du sud de la Floride régie par des traffics en tout genre. Son enfance, première partie du triptyque se concentre sur sa quête de repère et de parentalité. En proie aux jeux cruels des autres enfants, il cherche et croit trouver un repère en Juan et Paula. Ce couple prend des airs de familles jusqu’à la désillusion : Juan est un dealer et fournit à la mère de Chiron. Il va donc de repère bancal en repère bancal et se heurte au l’incohérence et au manque de fiabilité du monde des adultes.
À l’adolescence, le frêle Chiron se trouve la victime de ses camarades. Son modèle déchu, Juan, est mort et sa mère a sombré dans les affres d’un addiction qui la dévore. Seul et silencieux de terreur, il s’éveille à une sexualité pressentie avec Kevin. un camarade d’école. Mais Kevin forcé par un camarade, trahit Chiron en le battant dans la cours le lendemain. Chiron se venge et opte pour la violence.
Adulte, exilé, Chiron s’est métamorphosé, il est fort, imposant. Il est devenu un dealer aux dents en or, qui fait peur et impose le respect. Mais on assiste lors de ce chapitre final à un apaisement inattendu: il parvient à parler avec sa mère qui est en cure et revoit Kevin après 13 ans.


Il ne s'agit pas d'un film intellectuel mais d'un film de sensations, de ressentis. En effet, ce film bouleverse, met en branle et stimule les personnages à l'écran comme les spectateurs. La salle de cinéma vibre au son des basses, le film nous éblouit au sens figuré mais également au sens propre. Le sel de la mer nous pique les yeux quand il apprend à nager. Puis on doit les plisser pour s'adapter à l’obscurité de son errance nocturne. Le son est absent quand sa mère lui crie de ne pas la regarder puis trop fort quand enfin, le cri nous atteint en rêve.
Pour les personnages, le contact physique (maternel, amoureux) se substitue au langage. Chiron demeure très silencieux aux 3 âges. Les mots ne suffisent pas, ils ont trahi ce garçon. Il le dira d'ailleurs à la psychologue quand elle l'enjoint à raconter ce qu'il lui arrive (« Vous ne comprendriez pas »). C’est par le contact avec Juan d’abord refusé que commence leur amitié. Pour Kevin, une alternance de bagarres et de caresses amoureuses rythme leur relation. Sa mère le tire puis le caresse, le bouscule puis l’étreint et la paix entre eux est actée par un effleurement réciproque sur la joue.
La musique est également révélatrice : elle fait office d’explications aux retrouvailles et de déclaration.
Mais, la note finale du film est portée et provoquée par les mots, ceux de Chiron. Il rompt son silence par un aveu virginal qui met un terme à un cycle de violence, apaise enfin et semble ouvrir un nouveau chapitre auquel le spectateur n’est cette fois pas convié.

MargotDelorme
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le 2 avr. 2017

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Margot Delorme

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