Ce film ne raconte pas l'histoire d'un vieux pédophile trop maquillé.

Il raconte un combat, cosmogonique, métaphysique, le combat entre Apollon et Dionysos, le combat entre l'idéal et les passions. Le combat entre l'horizontalité parfaite de la lagune — qu'accompagne à merveille la cinquième symphonie de Mahler et que vient couronner la courbe lente du soleil — et les rues tortueuses de Venise, blanchies de chaux, infestées du mal invisible qui ronge l'âme et le corps.

Par trois fois, Dionysos pénètre le paysage, sous les traits d'un homme hirsute, roux, ricanant, et par trois fois Gustav von Aschenbach le renie, obnubilé par le jeune Tadzio, le cœur "rempli et agité d'une tendresse paternelle, de l'inclination émue de celui dont le génie se dévoue à créer la beauté envers celui qui la possède" (Mann). Mais lorsqu'il succombe, finalement, et qu'il meurt, avachi dans sa chaise, le visage rayé des gouttes noires de la coquetterie, le jeune garçon, silhouette sombre sur une mer rosissante, lui indique le chemin de la lumière, le seul, finalement, que l'artiste a toujours voulu suivre.
Anonymus
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le 8 nov. 2010

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Anonymus

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