"Mort à Venise" est, évidemment, un grand film Viscontien : raffinement extrême, perfectionnisme délirant, goût pour les costumes et les décors certes, certes... mais surtout superbe méditation sur l'art, la beauté et la vieillesse, et essai cinématographique ultime sur le regard et le désir. "Mort à Venise" est une rêverie homosexuelle et décadente géniale, une unique retranscription Proustienne des œuvres de Thomas Mann et de Gustav Malher au cinéma. "Mort à Venise" met en scène dans la brume d'une Venise en putréfaction et le faste fascinant des grands hôtels la tragédie du désir, habilement illustré par l'utilisation surprenante du zoom (procédé universellement honni) au sein de l'esthétique soignée du film : zoom avant, et le compositeur vieillissant ne voit plus que la grâce de Tadzio, zoom arrière, et le sujet disparaît dans le décor, l'objet du désir révélé se dérobant au regard... [Critique écrite en 1990]